« Ce n’est pas la couleur qui compte mais la qualité de l’âme ». A cette phrase d’une banalité confondante relevée dans un dialogue qui en contient des dizaines du même acabit on est bien tenté de répliquer : « Ce n’est pas le combat qui compte mais le qualité du film ». Et s’il est question d’une cause dans cette production « socialo-sportive », la lutte contre le racisme et les moyens mis en oeuvre pour la défendre sont au mieux pénibles, au pire plus que douteux.

Basé sur des faits réels le film raconte l’épopée édifiante d’une équipe de football américain constituée de joueurs blancs et noirs. On est au début des années 70 dans une petite ville du Sud des Etats-Unis qui jusque là s’est montrée réfractaire à la mixité raciale. Obligé de vivre avec son époque -les lois anti-ségrégationnistes datent tout de même des années cinquante- un lycée jusque là uniquement composé de blancs accueille pour la première fois des élèves noirs en son sein. Et qui dit élèves noirs dit aussi joueurs de foot noirs, et même -comble de l’horreur- entraîneur noir avec Herman Boone, incarné par Denzel Washington qui après Glory et Malcolm X est en passe de se transformer en icône bien pensante de la cause afro-américaine.

La suite des événements se réduit à l’enchaînement prévisible des divers étapes d’un parcours du combattant, celui d’un homme, H. Boone, puis celui d’une équipe, afin que la population locale comprenne le sens profond de la maxime citée plus haut : « ce n’est pas la couleur qui… ». Rien ne nous sera épargné, ni les clichés du film de sportifs (parmi les joueurs on trouve évidemment le gros rigolo, le californien chevelu à la sexualité ambiguë ou encore le chanteur entonnant à la moindre occasion un tube, histoire de garnir la B.O. de quelques tubes certifiés Motown), ni l’entraînement militaire, limite fascisant, à base d’exercices épuisants et d’humiliations répétées. Et, cerise sur le gâteau, on nous sert même un pèlerinage solennel sur le lieu de la bataille de Gettysburg assorti d’un « effaçons nos différences en cette terre sacrée ». Evidemment le méchant capitaine blanc deviendra un super pote du capitaine noir et la communauté hostile se transformera en une foule de supporters de plus en plus fervents. Morale de l’histoire : « peu importe que l’on soit blanc ou noir ce qui compte c’est la victoire ». Bref, un hymne lourdingue à la tolérance bouffie de fierté sportive, dont l’exemplarité n’a d’égal que la stupidité.