Télé, cinéma, le boulimique de la fiction française et internationale colonise sans pitié tous les écrans. Au point de nous rendre paranoïaques, de se demander s’il existe encore des images qui lui échappent, si même là où on ne le voit pas il n’apparaît pas déguisé, planqué dans un coin d’image ou réincarné dans un vase, une table ou n’importe quoi d’autre encore. Richissime séducteur d’une jeune rebelle indomptable dans un drame germano-danois (Dina, en salles le 9 avril 2003) ou prêtre-médecin émigré au Brésil comme ici, Gérard Depardieu bourgeonne encore un peu partout dans les salles ce printemps.. Mais attention : en dehors de la prise de poids, le problème avec la boulimie c’est le manque de discernement vis à vis de ce que l’on ingurgite. Or, en junk-films, Graham Guit reste un des meilleurs spécialistes. Résultat : un thriller-mystique aussi grotesque que prétentieux, traversé par un automate du spectacle qui joue comme chez Dayan. Ici où là c’est pareil, c’est toujours Gérard.

Grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le boeuf, Le Pacte du silence se met d’entrée sur la piste d’un secret (lourd), derrière la porte (des chiottes). Une jeune nonne française (Elodie Bouchez) émigrée au Brésil souffre de violents maux de ventre pendant que sa sœur jumelle (Elodie Bouchez) subit en prison les agressions répétées de ses co-détenues, horrifiées par le crime qu’elle a commis. Quel est donc cet acte qui dégoûte les pires échantillons de l’espèce humaine ? Un prêtre au passé pas si net que ça (meurtre ?) se met sur l’affaire. Ce noeud fort artificiel, utilisé comme simple prétexte à suspense, sera dénoué tout aussi mécaniquement par une succession de flash-backs, disséminés au hasard de happenings ésotériques sur la gémellité ou de crises convulsives de culpabilité rétroactive qui affectent notre prêcheur national (article 34-2 de l’Actor Studio à la française). Beaucoup de poudre aux yeux pour pas grand chose (dingue, elle s’est accusée du meurtre de son petit frère à la place de sa mère !), sauf pour un paparazzi tombé du ciel qui s’acharne à suivre Gégé et Elodie pour tartiner les pages de son vilain canard avec leurs malheurs en technicolor. Que vient-il faire là ? Encore un « secret derrière la porte » ? En voilà un qui ne sera pas facile à résoudre. Avec un peu moins de vanité, Graham Guit aurait pu s’imposer comme le Max Pécas du thriller français, un secteur fort concurrentiel de part chez nous. Dommage.