Faut-il qu’on s’impatiente de découvrir le prochain film des Farrelly pour se farcir ainsi celui de Dugan, dans l’espoir d’un substitut acceptable. Le résultat est, évidemment, loin du compte. On y croit pourtant pendant les dix premières minutes, quand le film prend, avec un certain bonheur, la direction d’une satire de la chirurgie esthétique. Sous l’influence manifeste des Farrelly (même si l’hilarante galerie de freaks botoxés lorgne aussi du côté de La Mort vous va si bien ou Brazil), ces quelques scènes grinçantes, de loin les meilleures du film, témoignent d’un sens du burlesque et de l’outrance pas négligeable.

Après avoir tiré si vite ses seules cartouches, ne reste plus au Mytho qu’à suivre une pente très descendante, qui l’amène du côté de la sitcom familiale (voire familialiste), puis d’une romcom particulièrement plate. Ce dernier film (la romcom) est absolument sans intérêt, relevant du pilotage automatique sans l’ombre d’une idée. Par endroits de petites choses se distinguent de la médiocrité ambiante, quelques sursauts dans l’écriture malgré l’enrobage vraiment ringard (le côté « spécial vacances » d’une série familiale), souvent pénible (le personnage du cousin qui passe son film à imiter l’accent allemand). Le caméo de Nicole Kidman, notamment, est assez réussi (beau duel, en pagne hawaïen, entre elle et Aniston). Le sens de l’ironie de cette dernière, prêtant au jeu son visage ravagé par le botox, fait retrouver au film un peu de son inspiration du début. Reste que le film a quelque chose de curieusement antipathique, par exemple dans sa description de l’objet du désir (Brooklyn Decker). Il est rare d’offrir aussi peu à un personnage (quelques scènes en bikini, des répliques stéréotypées), sans chercher un instant à lui donner une quelconque profondeur. Bilan : la romance annoncée finit par se résumer à la chasse un peu beauf, vraiment dérisoire, d’un chirurgien quadra.

A ce titre, la participation de Sandler s’avère cruciale. Ses apparitions chez Apatow (dans son propre rôle dans un épisode d’Undeclared ou de façon à peine voilée dans Funny people) ont prouvé qu’il n’est jamais si bon que quand il s’autorise à se mettre en scène sous un jour franchement déplaisant. Dugan a retenu la leçon : voilà à nouveau un type plutôt désagréable, un peu lourd, enchaînant les mauvaises blagues. Pas grand chose à signaler en revanche du côté de Jennifer Aniston. L’après-Friends donnait envie de la défendre, tant l’actrice parvenait alors à se réinventer, le peps de Rachel laissant place à une tristesse rentrée, à la limite de la neurasthénie (voir le beau et méconnu La Rupture). Cette partition commence, à son tour, à apparaître usée, sans compter le léger ridicule qu’il y a à offrir le rôle de la working mum à une actrice qui fait régulièrement la une de Elle et Cosmo pour ses régimes minceurs et ses heures d’exercice (encore que Dugan, par moments, sache jouer de ce décalage trop prononcé). Nul doute en tout cas que, comme Sandler, elle mérite mieux que ça.