Y-a-t-il une vie après Boney M pour Amanda Lear ? Assurément oui, puisque dans Le Défi, l’ex-reine du disco s’acoquine avec une bande de danseurs hip-hop qui la convertissent définitivement au style « caillera ». Pour être honnête, Amanda Lear n’est pas exactement la vedette de ce film, réalisé et interprété principalement par la chorégraphe Bianca Li, mais chacune de ses apparitions force vraiment l’hilarité. Il n’y a qu’à se figurer Amanda toute de Versace vêtue déambulant en talons aiguilles dans des squats de banlieue et se confrontant au parler « djeune ». Pour son premier long métrage, Bianca Li imagine ainsi la rencontre improbable entre une quadragénaire bourgeoise et des « lascars » de la cité, membres d’un groupe de danse. Probablement encore sous le charme des rythmes hip-hop qu’elle a mis en scène dans son spectacle Macadam macadam (1999), la chorégraphe réalise ici une comédie musicale qui leur est entièrement dédié.

Le Défi n’est certes pas un grand film de danse -de ce point de vue là, Bianca Li se montre plutôt frileuse, accompagnant trop sagement avec la caméra ses chorégraphie punchy- mais il charme par l’humeur festive qui y règne. Portant son film de bout en bout, la réalisatrice joue à fond la carte du burlesque et interprète une bourgeoise survoltée et frustrée qui va se lâcher au contact des copains de son fils, n’hésitant pas à se grimer en une caricature de Mc pour les approcher. A force de ne pas se prendre au sérieux, Le Défi parvient ainsi à combler les lacunes de sa mise en scène (inexistante) et le ton bon enfant de l’ensemble présentant la banlieue sous un jour résolument trop naïf. Les prestations très Ab Fab d’Amanda Lear et Bianca Li et la présence d’impressionnants numéros musicaux, réunissant la crème du hip-hop français, sauvent de loin la mise.