Qu’y a-t-il derrière cette porte des secrets ? Rien qu’on n’aie déjà vu au cinéma. Des planchers qui grincent, des ombres menaçantes, des coups de tonnerre et même un ou deux coups de théâtre éventés. Le film d’Iain Softley recycle les traditionnelles formules du cinéma fantastique autour d’une infirmière envoyée au service d’un vieux grabataire mystérieusement cloué au lit, dans une grande propriété familiale en Louisiane. Le pourquoi de cette inexplicable maladie se trouve dans le grenier de la demeure. Mais aussi dans les placards du cinéma de genre américain dans lesquels s’amuse à fouiller le scénariste Ehren Kruger.

La partie intéressante de La Porte des secrets est ce type qui film après film, d’Arlington road au remake de Ring observe les mythologies pour les disséquer, comprendre comment les mécanismes de la peur au cinéma marchent. Ce Michel Chevalet du scénario, laborantin plus ou moins efficace -son travail sur Scream 3 reste un modèle de médiocrité- s’est trouvé un idéal sujet d’analyse avec cette histoire de sortilèges vaudous dans les bayous. Non pas qu’il se soucie vraiment de la vraisemblance ou de l’acuité de son affaire, le mode d’emploi de la religion occulte selon la série B ayant déjà été écrit auparavant (De Jacques Tourneur à Wes Craven en passant par Alan Parker et même un James Bond), comme pour ses scénarios précédents, Kruger est plus intéressé par la capacité de croire au surnaturel que par son folklore. Les incantations, grigris et autres accessoires des magies noires et blanches, ne sont ici convoquées que pour jeter de la poudre aux yeux, le véritable récit de La Porte des secrets est celui de la résistance de son héroïne face au monde des esprits, sa volonté de ne pas croire à une autre vision des choses, loin de ses repères. Dommage que Kruger ne fasse pas confiance au spectateur en lui imposant régulièrement des balises Argos via des clins d’oeil variés (entre autres de La Maison du diable à Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?) aussi voyants que des panneaux indicateurs éclairés ou en prêtant à son personnage principal son propre risible secret de famille. Surtout quand les choix de mise en scène de Softley et un casting particulièrement maladroit (Kate Hudson, mais surtout de très cabotins John Hurt et Gena Rowlands) suffisaient déjà à enterrer une passionnante thèse.

En l’état, La Porte des secrets est un film d’épouvante standardisé dont les gonds mal ajustés permettent toutefois d’entrevoir ce qu’il aurait pu être. De quoi donner envie d’attendre les prochains films écrits par le scénariste : Brothers Grimm, le prochain Gilliam ou l’adaptation du Talisman des territoires, le bouquin de King et Straub, projets qui devraient mieux aborder l’idée de croyances qui fascine Kruger.