Il y a dans ce film une scène surréaliste, où Aldo Maccione, incarnant (drôlement bien, d’ailleurs) un comédien ambulant, explique à Olivier Martinez comment il va faire de lui, en trois leçons et un crayon dans la bouche, un acteur hors pair ! Il faut dire, à la décharge de ce dernier, qu’il a le port de tête plus hussard que mineur de fond, et que sa coupe impeccable (il faudra qu’il nous donne l’adresse de son coiffeur) ne l’aide guère à endosser les habits juste poisseux ce qu’il faut de son personnage.

Hormis, donc, cet erzats de Delon époque Guépard dont le cinéma ne semble trop savoir que faire ces temps-ci (un petit tour par le théâtre ne lui ferait peut-être pas de mal, comme le laisse deviner la scène finale du film), cette adaptation laborieuse du roman éponyme de Didier Decoin distille l’ennui caractéristique de ces productions « européennes » sans âme ni génie. Dans cette parabole mytho-schizo sur l’art du mensonge et, donc, de la création, la touche Bigas Luna (Jamon, Jamon) semble être restée à quai, laissant déferler sur l’écran les costumes toujours trop parfaits de l’inaltérable Franca Squarciapino. Tout au moins aura-t-on eu le plaisir de découvrir Aitana Sanchez Gijon, l’actrice qui, foi de sondages, fait actuellement le plus bander les Espagnols : faut dire que des soubrettes si « dessous chics » vous proposant gentiment de partager leur lit et la suite, y’a bien que ce pauvre Martinez pour dire non!