Paul, arnaqueur à la petite semaine, vit de magouilles en magouilles. Il rencontre un musicien loser (Frédéric Diefenthal), victime parfaite qui lui ouvre grand les portes de l’appartement qu’il emprunte lui-même à un ami. Voici donc résumé le pitch de L’Incruste, support anorexique et vrai retour au comique buddy-franchouillard des années 80 : amitié improbable entre l’escroc et le bon bougre, suite de roulés-boulés catastrophes, éloge de la médiocrité, recours à un burlesque torve et maladroit.

La sympathie qui anime le film résiste aux multiples clichés qui l’enserrent. D’un côté un cadre folklorique empli de trognes plus ou moins antipathiques (mafieux et prostituées du Paris de Belleville et de Strasbourg-Saint Denis), facilité de scénario, succession lâche de rebondissements atterrants (escroqueries grotesques et quiproquos patauds). De l’autre, deux acteurs qui parviennent à surmonter laborieusement ce terrain miné. Titoff et Diefenthal, donc, petit Toto fatigué et benêt sympatoche, avec pour seuls éléments de complicité un air hagard commun, une même envie de n’en découdre avec rien : ni les épreuves qu’ils doivent affronter, ni l’intrigue, ni le film. Que reste-t-il alors ? Le sentiment d’une gentille fumisterie, la certitude que le renouveau du comique français ne passe évidemment pas par ici.

Tant mieux, cela change au fond des multiples « tentatives », maladroites ou désespérées, qui sont désormais le lot de toute comédie du terroir : exercices d’hybridation régressifs (RRRrrr !!!), relookages foireux (du Boulet au Raid) radicalité vaine (Les 11 commandements). Rien de tout cela ici, juste l’envie d’en revenir aux origines (celles d’un Marche à l’ombre ou d’un Leconte première période) sans même faire l’effort d’en passer par la case cinéma. Julius et Castagnetti ne sont aucunement cinéastes, et semblent assez fiers de le revendiquer. Plans serrés, champs / contrechamps sont l’unique lot d’un tel film. C’est parfaitement aberrant, et en même temps très plaisant : l’occasion, vraiment, de repartir à zéro.