Le dégénéré Bill Plympton n’est pas un vulgaire provocateur de service. L’indécence exagérée mêlée à l’absurdité forment un langage à part entière et caractéristique de ses films. Si bien qu’au final, il est plus facile de rire que d’avoir la nausée face à ses explosions de seins ultra siliconés et autres tortures d’une complexité aussi extrême qu’intrigante. Plympton est à la recherche du non-sens, d’un comique de l’absurdité par le biais d’images et de situations irréelles. L’introduction de son dernier court métrage –Sex & violence– laissait déjà entrevoir une arrivée à maturité quant à la maîtrise de son propre style. On pouvait y voir un homme ayant perdu ses clefs se suicidant par pendaison, afin de voir sa vie défiler devant lui… Une méthode typiquement Plymptonniene pour que ce personnage se souvienne du lieu où il rangea ses clefs pour la dernière fois.
Ce genre d’humour déjanté est le principal cheval de bataille du dernier long métrage du réalisateur. L’Impitoyable lune de miel constitue une parfaite introduction en guise de Plymptoons pour les non initiés. C’est en quelque sorte un exercice de style, comportant bon nombre de transformations loufoques d’objets et de corps humains -thème récurrent du réalisateur- grâce à un personnage principal ayant la possibilité de transformer son entourage à l’image de ses pensées. Une fois le scénario planté, Plympton se défoule… Les symboles sexuels -subtils ou gras- jaillissent à tout va, le sang coule, la caricature subversive est monnaie courante et l’ »american way of life » s’en prend un bon coup dans le gueule…
Pour le bien de tous, Bill Plympton vomît le spectre du « politically correct » hantant le cinéma américain, et ceci à coups de provocations satiriques parce qu’exagérées. A ce propos, pour reprendre les mots de Matt Groening, génial créateur des Simpsons (une des plus belle et subtile insulte à la société typique américaine) : « Bill Plympton est Dieu ».