Un confrère nous l’avait vendu comme le-film-le-plus-cool-de-l’été. Difficile, a priori, de souscrire à pareil enthousiasme. C’est vrai, on trouve dans L’Apprenti sorcier une poignée de bons gags – des mini-huskies, deux panoplies de policiers et des moustaches dont on ne dira rien pour ne pas gâcher l’effet. Et Nicolas Cage est assez bon, dans un registre cabotin. Cette quasi-décennie de nanars lui aura finalement été profitable : le voilà prêt à enfiler perruques, costumes, pour prendre la relève de Johnny Depp dans les prochains rôles de sorcier ou de pirate. Après le très bon Bad lieutenant, 2010 aura enfin permis à l’acteur de sortir d’une mauvaise passe qui commençait à s’éterniser. Et puis le film a une manière assez belle d’assumer son kitsch sans tomber dans le moche, de tirer quelque chose d’assez cinégénique du cracra des cheveux gras et des amulettes plutôt que de s’y complaire. L’Apprenti sorcier est plus élégant, de loin, que Pirates des caraïbes.

Quelques bons gags, oui, mais au milieu de vannes plus patapouf. Et Nicolas Cage, certes, mais aussi l’agaçant Jay Baruchel, qui est décidemment le vilain canard de la bande Apatow. On est surtout désarçonné par ce choix d’un imaginaire vaguement médiéval et gothique, qui n’autorise ni la jolie pureté de Spider-man, ni la folle modernité de Jumper. Le film de Turteltaub est trop lourd, trop encombré de références pour prétendre à l’innocence du premier. Il manque singulièrement d’intelligence, de brio, de panache, pour s’inscrire parmi les grands postmodernes. En comparaison, Buffy, il y a dix ans, était cent fois plus drôle, plus sombre, et aussi plus fin et touchant dans sa description de l’adolescence finissante. Le film se satisfait de son abord sympa, sans génie, et c’est finalement dans les moments de creux scénaristiques qu’il parvient, parfois, à installer quelque chose – le passage assez mignon de la discothèque improvisée au milieu d’un labo.

Il suffira pourtant d’une scène pour nous dérider complètement, une scène qui consiste en un décalque parfait de l’apprenti sorcier de Fantasia, avec la musique de Paul Dukas, et les balais et les brosses qui volent et se révoltent contre le débutant présomptueux. A ce moment Turteltaub ne cherche ni la parodie, ni la démarcation, il se contente de répliquer, presque à l’identique, la scène qu’il a aimée enfant, comme s’il venait de retrouver ses vieux jouets et décidait de s’octroyer une pause. Le film alors fait écho à la longue scène d’introduction de Toy story 3 (le vrai grand film de l’été, restons sérieux), pour célébrer l’enfance et le plaisir du jeu. Dans cette parenthèse incongrue, totalement gratuite sur le plan du récit, le film trouve une beauté inattendue. Coupons la poire en deux : on vient peut-être de voir, en effet, le film fun de début août.