Le dernier Farrelly est une comédie light, très light, ce qui est plutôt paradoxal pour un film dont l’un des personnages a le tour de taille d’un hippopotame. Connus pour leur goût de la provoc, leurs blagues primaires souvent salutaires, les réalisateurs ont décidé cette fois de faire un cinéma « adulte » et donc de privilégier les sentiments. Du coup, ils deviennent de maladroits militants du droit à la différence et leur humour dévastateur laisse place à un prêchi- prêcha vantant les vertus de la beauté intérieure des plus malaisés.

Pour cette enfonçage de portes en beauté L’Amour extra large dispose néanmoins d’un atout de taille : le délire hypnotique d’un homme obsédé par la perfection. Il s’agit de Hal Larsen (Jack Black), un type pas spécialement séduisant qui ne consent pourtant qu’à mettre des canons dans son lit. Heureusement, un gourou, rencontré par hasard, va changer radicalement et littéralement sa vision des femmes : des boudins qu’il a en face de lui il ne voit plus que cette fameuse « beauté intérieure » et a donc l’impression d’avoir affaire à des top models. C’est ainsi qu’il tombe follement amoureux de Rosemary, la svelte G. Paltrow, enfin, une fausse sylphide puisque, dans la « réalité », elle est obèse.

Dès lors, tout le film se repose sur cette idée et se contente d’osciller entre le champ (la vision biaisée de Hal) et son contrechamp (la véritable Rosemary). Encore que le second terme de l’équation soit sous-exploité ; on veut bien militer pour les gros mais il ne faut pas abuser et autant exhiber la plastique irréprochable de l’actrice plutôt que son costume de sumo en latex. Quant à la suite du programme, elle se réduit à la molle répétition de quelques blagues mettant en jeu l’imposant physique de Rosemary, chaises s’écroulant invariablement sous son gros popotin, crises de boulimie, etc. Au final, il n’y a que Gwyneth Paltrow, dans un bel exercice de schizophrénie corporelle -elle adopte la gestuelle d’une personne peu gâtée par la nature tout en disposant d’un corps de rêve-, qui s’en sorte à peu près de manière honorable. Pour le reste, les frères Farrelly sont passés de l’autre côté ; celui des gens biens pensants.