La première séquence de L’Age de braise annonce un film à caractère social. Deux jeunes femmes travaillant dans une association aidant les marginaux, s’inquiètent du sort d’une dame assise seule sur un banc. Elles lui posent alors des questions sur ses moyens de subsistance, sur son entourage et sur son quotidien. Le film va s’attacher alors à nous raconter la vie de cette anonyme. Le ton original utilisé par le réalisateur révèle une écriture très présente, parfois plus importante que les personnages eux-mêmes. L’utilisation d’une bande-son riche et très travaillée ainsi que d’une photo remplie d’effets visuels sont emblématiques du souci de Jacques Leduc.

L’Age de braise est avant tout un film prenant la forme d’un hommage rendu à Annie Girardot. Elle y interprète Caroline, qui toute sa vie durant s’est occupée des autres par le biais d’associations humanitaires. Elle se replonge dans ses souvenirs et peu à peu va se détacher de tout ce qui constitue le quotidien d’une vie (meubles, lettres, relations superflues…) pour se préparer à mourir.

Film au ton très personnel, L’Age de braise semble porter en lui les qualités et les défauts que l’on imagine retrouver dans un « film hommage ». Le scénario est entièrement construit autour d’Annie Girardot, lui offrant l’occasion d’aborder l’ensemble des registres (comédie, drame, tragédie, onirisme…). Le cinéaste vient alors nous rappeler de manière volontariste le talent d’Annie Girardot, dont la filmographie s’est diluée dans les années 90. Ce volontarisme nuit au film, qui néglige notamment les personnages secondaires, très inconsistants. Finalement, le scénario soigné, la mise en scène souvent stylisée et la photo proche de l’esthétisme laissent peu de place à l’humanité des personnages et ne servent que le discours onirique du cinéaste, dépourvu malheureusement de poésie et -chose plus grave- d’émotion.