Dès l’affiche, la couleur est annoncée : « par le créateur des effets spéciaux de Jurassic Park » nous assène-t-on en lettres capitales presque aussi imposantes que celles du titre. En effet, Komodo ne prétend à rien d’autre qu’exploiter un filon porteur, celui du film de dinosaures que Steven Spielberg aura fait revenir sur le devant de la piste en tentant de lui injecter un nouveau souffle à grands coups d’images de synthèse et de trucages numériques. Rampant sans vergogne derrière le succès de son modèle, cette série B sans noms porteurs, ni du côté du casting ni de celui de l’équipe technique, n’atteint pourtant pas les fonds abyssaux de stupidité et d’indigence que pouvait laisser présager le projet. Vu la relative modestie du budget initial, le réalisateur se tire assez avantageusement d’une mission qui n’avait certes rien d’impossible mais qui requiert un minimum de savoir-faire pour ne pas sombrer dans la crétinerie de la resucée cheap façon Corman (Carnosaur atteignant par exemple, dans le genre, des sommets).

Un adolescent resté traumatisé après avoir vu ses parents se faire dévorer tout crus par d’énormes dragons de Komodo revient sur l’île où s’est déroulé le drame en compagnie d’une psychologue, décidée à percer son douloureux secret et à le libérer de ses démons intérieurs. Comme de rigueur, l’idée ne s’avère pas si bonne que cela puisque les créatures errent toujours en liberté dans le coin et qu’elles sont affamées. Sur cette maigre base, Michael Lantieri illustre au mieux un scénario peu inventif mais qui a le mérite de s’embarrasser assez peu de psychologie et d’inutiles justifications scientifico-écologiques. Délesté de ce bagage encombrant propre à la superproduction qui s’excuse souvent gauchement de la puérilité de son sujet, le film rebondit d’effets horrifiques en effets horrifiques sans aucune subtilité mais en parvenant, à grand renfort de musique et d’animation numérique à susciter les frissons escomptés. Par son absence de prétention et sa façon d’aller droit au but, Komodo suffira à satisfaire les amateurs de petites peurs et les tenants d’un cinéma de la régression.