Evidemment, on se dit qu’ils exagèrent : en manque de concepts neufs et surtout d’imagination, les studios écument les fonds de tiroirs et profitent du ramollissement estival du public pour l’attirer en salle à moindre coût en matière grise. Car le moins qu’on puisse dire, c’est que les producteurs de Jurassic park 3 n’ont pas cherché la surenchère : vaguement cautionné par Spielberg (executive producer aussi indispensable que théorique, car sûrement trop pris par A.I.), cette suite n’est pas l’épisode final d’une trilogie mais une modeste et pieuse continuation du Monde perdu. Une sorte d’orphelin, pourtant, car l’ambition « idéologisante » et la démesure technologique spielbergienne lui font défaut- ce qui n’est pas forcément un mal.

Après la débâcle de la réserve et parc d’attraction de l’île Nubar, vandalisée par les monstres préhistoriques, Alan Grant (Sam Neill) poursuit tant bien que mal ses recherches sur les squelettes et fossiles. A court de crédits pour pousser plus avant ses découvertes sur le raptor, un passionnant reptile préhistorique capable de développer un langage, Grant reçoit la visite d’un certain Paul Kirby et de sa femme (William H. Macy et Tea Leoni), un couple d’aventuriers avides de sensations fortes. Kirby propose au chercheur de financer son travail à condition qu’il accepte de guider son équipe dans un survol de l’île Sorla, un centre d’élevage interdit à toute présence humaine. Grant accepte. Mais une fois en vol, Kirby ordonne l’atterrissage, révélant qu’il n’est qu’un simple commerçant, que sa femme et lui sont divorcés et qu’ils sont à la recherche de leur fils disparu dans l’île quelques semaines auparavant. Toute l’équipe se retrouve donc en terre hostile, coupée du monde, à la merci des T-rex et des hordes de raptors qui peuplent l’île.

A vrai dire, on craignait un alibi moins chiadé pour faire à nouveau rugir les grands reptiles numérisés. Le sujet tient la route, et les scénaristes sont parvenus à réintégrer plutôt habilement le passé dans l’action : les héros évoluent dans une végétation tropicale qui recèle les vestiges technologiques des installations scientifiques désaffectées. Evidemment, passés les premières surprises et quelques gags, l’imagination des auteurs s’émousse et le déroulement des opérations est des plus convenus. La réalisation est sommaire, et le graphisme toujours aussi laid. Pourtant, Joe Jonhston n’a pas cherché à émerveiller, à épater son monde en imitant l’emphase de Spielberg. Au contraire, il y a dans Jurassic park 3 (malgré un budget très large) quelque chose du petit film pépère de l’artisan modeste, et même un certain désenchantement face à la technologie employée. Après tout, l’action entière se déroule au milieu de décors et d’accessoires vétustes (pas un gadget ne fonctionne) et Johnston semble conscient que les bébêtes numériques ont depuis longtemps atteint leurs limites. Une fin kitsch et grotesque donne presque à penser que le concept new-age écolo a viré tranquillement à la série Z. A tout prendre, c’est une manière comme une autre de sauver la face.