Un peu plus d’un an après « l’appel de Genève », où sept magistrats européens s’étaient réunis pour proposer des moyens de lutte efficaces contre la corruption et l’argent sale, rien ne s’est réellement passé du côté des pouvoirs en place. C’est sans doute, pour une part, de cet espoir déçu qu’est né le film-témoignage de Denis Robert et Philippe Harel. Conversations, réflexions et portraits de différents protagonistes de ces affaires frauduleuses constituent la principale matière de ce journal intime. Loin de toute politique-fiction, cette enquête menée auprès des acteurs de la vie politique et sociale du pays nous renvoie une image, parfois avec humour (un humour souvent dû au ridicule même des interventions de ses acteurs, Président de la république en tête), désastreuse du monde. Face au mensonge entretenu, Denis Robert oppose la parole de témoins impuissants, malgré la rage qui les anime (des juges ne pouvant pas remonter les filières, faute de moyens, des salariés dont les entreprises ne font plus grand cas, préférant investir dans des « valeurs » virtuelles, etc.).

Il essaye, avec les informations dont il dispose, de démonter les mécanismes, d’opérer les recoupements, d’établir des connexions entre ces milieux (politiques, affairistes et journalistiques), afin de révéler une part de vérité sur ces histoires qui rongent nos institutions, et nous poussent toujours plus loin dans le désenchantement, voire la paranoïa.

Filmé avec sobriété, ce document est accompagné tout du long d’une musique glaçante. Une marche funèbre qui semble sonner le glas de la prétendue démocratie dans laquelle nous vivons.

A lire : Journal intime des affaires en cours (Stock, 30 F, 122 p.)