Autant le dire tout de go, Joli village, jolie flamme est un film dur, violent, baroque par moments, mais surtout très audacieux. Il s’agit du premier film serbe à traiter de la guerre en Bosnie vue de l’intérieur. A ce titre les 5 premières minutes -pré-génériques- sont franchement déstabilisantes pour qui s’attend à voir un film sur cette sale guerre. Une séquence onirique, -à la manière d’Underground-, violemment corrosive et qui sous-tend le drame que nous conte le réalisateur dans ce film inspiré d’une histoire vraie qui s’est déroulée pendant le premier hiver de la guerre, en 92.

Sur son lit d’hôpital, Milan, grièvement blessé, se remémore les dix jours d’enfer qu’il vient de traverser, coincé dans un tunnel avec son détachement. La nostalgie de son amitié avec Halil son ami musulman envahit aussi ses pensées. Leur pacte d’amitié éternelle rompu violemment au cours de longues heures passées, pour l’un dans le tunnel avec 8 hommes (serbes) et une journaliste américaine. Pour l’autre, au dessus, avec des soldats bosniaques tentant de faire sortir ses occupants du véritable trou à rat où ils se sont réfugiés. Dès lors, ce tunnel maintes fois inauguré mais jamais terminé devient le théâtre de l’absurde, symbole même de cette guerre

Joli village, jolie flamme nous conte une aventure humaine d’une grande sauvagerie et nous montre de manière implicite le processus irréversible de la haine.

Le film ne se départit jamais, malgré tout, d’un humour noir salvateur qui n’est pas sans évoquer le M.A.S.H. de Altman. Par moments, on pense également à Kusturica ou à Kubrick. C’est dire si l’on devrait reparler de son metteur en scène Srdjan Dragojevic.

S’il n’est pas le reflet exact de la réalité (mais d’une réalité), Joli village, jolie flamme, arrive à faire la lumière sur une situation qui a mené à la tragédie de l’ex-Yougoslavie. Le film restera à coup sûr comme l’un des plus brillants plaidoyers contre la guerre.