Que reste-t-il d’une série télé sans prétention comme Inspecteur Gadget lorsqu’elle se trouve confrontée aux exigences politiques et commerciales des industries Disney ? Pas grand chose, mis à part un écran publicitaire d’une heure et demi, bourré d’effets spéciaux. Plus rien à voir avec le dessin animé en fait.

David Kellogg s’est en effet permis quelques retouches « très personnelles » qui anéantissent malheureusement toute trace de l’esprit original du feuilleton. Le burlesque initial laisse ainsi place à la crétinerie américaine de base : l’inspecteur Gadget n’est plus qu’une absurde parodie de Robocop dont le sens de l’humour se résume à trois mimiques ahuries. De surcroît, le personnage se retrouve animé de pulsions sexuelles soudaines le conduisant à se payer une créature de rêve à la poitrine imposante… A la limite du vandalisme, certains apports scénaristiques irriteront donc plus d’un nostalgique du dessin animé. On retiendra notamment l’infernale Gadgeto-mobile, sorte de K-2000 fanatique de hip hop et véritable publicité ambulante pour Coca Cola ; le fait que Dr Mad soit incarné par un acteur réel, au visage découvert (Rupert Everett… lamentable) ; et toute une série d’effets visuels plagiant honteusement l’esthétique cartoonesque de The Mask. Les spectateurs qui tiendront le coup jusqu’au générique de fin se feront une joie de retrouver le thème musical de la série, revisité par une reprise new-jack dance (« Inspektah Catchet… ouh-ouh »), et sur laquelle viendra se greffer une publicité pour Disney Land…

Pour couronner ce navrant spectacle, le simple fait de voir Matthew Broderick se ridiculiser dans un tel rôle (pour vous dire, Jean Lefebvre aurait été largement plus crédible) ruinera inévitablement le moral des spectateurs les plus aguerris.