Cri-Cri d’amour is back ! Souvenez-vous : il n’y a pas si longtemps, Sébastien Roch jouait les gentils adolescents dans la série-matrice d’AB Prod’, Hélène et les garçons. A la batterie, Cri-Cri était déjà un élément subversif, ne perdant pas une occasion de draguer les filles et de semer la discorde au sein du groupe. Aujourd’hui, cette pose rebelle se trouve exacerbée dans In extremis, film foutraque et improbable mené par notre héros.

Question : y a-t-il une vie en France après les sitcoms ? Pas vraiment. Dans un pays où la création cinématographique est encore trop effrayée par les icônes populaires, l’acteur télé est immédiatement connoté ringard, infilmable, marqué à vie par les personnages fades et creux interprétés jadis. Pour lutter contre ce reflet bas de gamme, rien de tel que de casser son image. On comprend ainsi mieux pourquoi Sébastien Roch s’est jeté à corps perdu dans la peau de Thomas, figure de déchéance et de pur masochisme. Jeune bourgeois décadent, bisexuel, torturé et camé, Thomas incarne en quelque sorte le hors-champ de la sitcom française traditionnelle. Pour en finir avec les baisers timides, les romances aseptisées et les problèmes ordinaires, Etienne Faure propose une vision désenchantée de la post-adolescence contemporaine. Une aubaine pour Sébastien Roch, qui émeut presque à force de prouver qu’il ose tout faire : montrer son cul, prendre à pleines mains la bite de son partenaire, sniffer un rail de coke et se faire enculer, travesti en femme, devant les yeux d’un enfant. Dommage que l’interprète du mythique Pousse, petit vent (chanson enregistrée juste après sa rupture d’avec TF1) ait oublié une chose essentielle dans son jeu : l’humilité. Avec ses soliloques édifiants, ses gestes éthérés et ses lunettes noires, le comédien peine à convaincre et force le rire davantage que le respect.

Quant au film lui-même, c’est un objet étrange, outré, ridicule, et, in fine, attachant. Produit par un certain Patrick Hernandez (celui de Born to be alive ?!), In extremis entraîne les spectateurs de Paris à Ibiza sur les traces d’un orphelin en fuite (Jeremy Sanguinetti) protégé par le Thomas sus-cité, ex-amant de la mère du gamin (Christine Boisson, qui nous dévoile sa belle plastique lors d’une séquence très chaude sous la douche). Entre road movie, essai potache et délire fantasmatique, Etienne Faure ne sait pas vraiment où il va mais son bordel n’est pas sans charme. Grand monument d’humour involontaire, In extremis mêle avec un sérieux déconcertant le naïf et l’obscène, la tragédie et le film de vacances, le trivial et la tentative de sublimation (Sébastien Roch, filmé sous toutes les coutures). Et devant ce collage pour le moins surprenant (Cri-Cri + Genet + Brialy + Rimbaud, etc.), inutile de préciser que l’on est pendant 1h50 au bord du ravissement…