Après MAC, sorti en 1992, Illuminata est la seconde réalisation de l’acteur John Turturro. Il y incarne Tuccio, le jeune auteur attitré d’une petite troupe de théâtre. Celui-ci a écrit pour sa bien aimée Rachel, l’actrice vedette du groupe, un drame intitulé Illuminata. Seulement, la direction du théâtre dans lequel ils officient se refuse à monter la pièce, jugée trop peu aboutie.
C’est au cours d’une représentation de Cavalleria Rusticana -assurant une salle comble et la venue des plus grands critiques- qu’un des acteurs est pris de malaise et que le jeu s’interrompt. Face à un public criant au scandale, Tuccio en profite pour faire jouer « Illuminata » sur le champ, malgré les réticences de ses supérieurs. Cette représentation prématurée est une catastrophe et la pièce est méchamment descendue par la critique. Seulement, toute une suite d’événements -ainsi qu’une très longue série de parties de jambes en l’air- remettront ces considérations en jeu.

En commençant par nous dresser un portrait très caustique du monde théâtral (du début du siècle), tout en envoyant quelques vannes incendiaires à la critique, Illuminata partait sur de très bonnes bases. On pouvait prévoir un film savoureux et impertinent à souhait. Malheureusement, celui-ci s’embourbe très vite dans une histoire inintéressante et ponctuée d’effets de style frôlant le mauvais goût (on retiendra notamment l’épouvantable séquence de « comédie musicale surréaliste », maladroite et sans grand intérêt). Les mises en abîme effectuées tout au long du film (l’histoire d’amour de la pièce ressemble étroitement à celle de Tuccio et Rachel) se révèlent vite limitées, et l’utilisation qu’en fait le réalisateur n’en reste pas moins abusive.
C’est regrettable, car Illuminata possède des qualités indéniables. La prestation de Christophen Walken, incarnant un critique homosexuel ayant des vues sur un des acteurs de la troupe, est stupéfiante -l’acteur nous prouve ici sa faculté à sortir de ses rôles habituels… Certains effets comiques sont aussi très réussis, et les jeux de répliques sont parfois très subtils. Mais ces détails n’empêchent le film de rester marqué par un sérieux problème de rythme. Résultat : Illuminata est un film pénible qui traîne en longueur.