De la glose, point trop n’en faut à propos de ce remake d’un semi-classique du cinéma d’épouvante des eighties. Le principe du remake, tel qu’il s’est propagé depuis la fin des années 90, avait trouvé dans le Psycho de Gus Van Sant son pivot esthétique / théorique, et dans une multitude de sous-produits le tout-venant de cette pratique. Dans cet essaim, qui se plait essentiellement à reproduire des films de genre, on a côtoyé d’honorables trucs (le Massacre à la tronçonneuse de Marcus Nispel, sympa), d’autres un peu originaux (La Colline a des yeux, by Alexandre Aja), et beaucoup d’autres si inutiles qu’on a oublié leur nom, et donc ce dont quoi ils étaient les remakes. Réalisé par un hip hop clipeur (pour Missy Elliot, nous glisse-t-on dans l’oreillette), produit par le chef-kéké Michael Bay (déjà aux manettes de Massacre à la tronçonneuse), ce Hitcher printanier appartient incontestablement à cette dernière catégorie, à cette différence que l’on se souvient pour l’instant, et pour quelques jours encore, qu’il est la photocopie de Hitcher de Robert Harmon, 1986. Le film original était un pur produit de son époque, et il est resté en mémoire pour son scénario à la fois cristallin et implacable, et puis surtout pour l’interprétation blonde cramée du grand Rutger Hauer. Et puis encore parce que Jennifer Jason Leigh était de la partie, ce qui est toujours un bon remède contre l’oubli.

Rutger le vilain incarnait John Ryder, psychopathe notoire et auto-stoppeur professionnel, que prenait à bord un malheureux automobiliste : bientôt celui-ci, comprenant à qui il avait affaire, allait vivre une folle et pénible équipée autoroutière, à la fois poursuivi par le meurtrier et par la police qui le tenait pour responsable des forfaits de ce dernier. Le script tenait la route (ha ha), parce que le tueur, un peu comme le camionneur relou de Duel, ne dévoilait jamais le pourquoi de ses actes, pour la bonne raison qu’il n’en n’avait aucune, de raison.

Comme pour bon nombre de produits du même acabit, à destination d’ados qui n’ont pas vu l’original, parce qu’ils naissaient à cette époque, Hitcher 2007 est avant tout une opération de tuning. Au malheureux automobiliste, rajeuni pour l’occasion, est adjoint une girlfriend, bimbo en jupette, et voilà tout, si l’on passe sous silence le rock ado FM qui tapisse l’aventure et la motivation du voyage : aller boire des bières avec des jeunes cool pour les vacances de pâques. Rien de bien nouveau, donc, si ce n’est ce relooking sans intérêt. Sean Bean succède honorablement à Rutger Hauer, mais tout Mister Bean qu’il est, il ne saurait faire oublier la crinière blonde de celui qui restera comme une véritable icône d’une décennie qui, on n’en sort pas, continue son come-back ces temps-ci.