Quelque part entre John Waters et Mad Max se situe Hey, Happy !. Au premier le film emprunte les délires camp des années 70 et au second son ambiance de fin du monde. On est à Winnipeg au Canada et dans quelques jours -à cause de la crue annuelle de la Red River- la ville sera entièrement inondée. En attendant les ravers font la teuf sur les collines et le Dj Sabu (Jeremie Yuen) tente d’achever sa mission : coucher avec 2 000 hommes avant le déluge. Il n’en manque plus qu’un et le compte sera bon. Sabu jette alors son dévolu sur Happy (Craig Aftanas), un doux illuminé persuadé de communiquer avec les extra-terrestres à travers les ondes de sa radio. Malheureusement la love-story naissante n’est pas du goût de tout le monde, en particulier de celui de Spanky (Clayton Godson), un garçon coiffeur gothico-hystérique briseur de couples à ses heures.

Jusqu’à nouvel ordre il n’y a pas de contrôle anti-dopage sur les tournages ; il y a donc fort à parier que Hey, Happy ! ait été écrit et tourné à l’aide de quelques substances plus ou moins illicites. L’ensemble de l’équipe semble avoir bien trippé mais à moins qu’on ait l’habitude de gober avant une projection, on risque de passer légèrement à côté du délire biblico-gay de Noam Gonick. Au beau milieu de ce foutoir déjanté et hédoniste surnage pourtant un sympathique côté bricolo, notamment une scène gore digne de figurer dans un film Troma, et surtout un beau regard sur les fascinants paysages de friches industrielles de Winnipeg. C’est peu mais amplement suffisant ; pour ceux qui voudrait pousser le délire post-apocalyptique un peu plus loin, il leur suffira d’un peu de chimie pour être dans l’ambiance et apprécier pleinement ce film de ravers.