Un regard bleu, un ventre qui s’arrondit, une cuisine en désordre, des tentures rouges, un mur jaune vif, une moto qui file. Haut les cœurs ! n’a rien du film glauque que laissait présager le résumé de son intrigue : une femme enceinte de son premier enfant apprend qu’elle est atteinte d’un cancer du sein et passe au travers de toutes les étapes de la chimiothérapie.

Après avoir réalisé plusieurs films documentaires dont trois ont pour sujet le témoignage de détenues ou ex-détenues, Sòlveig Anspach signe ici son premier long métrage. Elle-même a été atteinte d’un cancer lors de sa première grossesse et a connu l’épreuve de l’isolement en chambre stérile. Mais ce fort ancrage dans le réel ne nuit pas à Haut les cœurs ! La réalité est là, une réalité filmée à l’hôpital et qui n’a pourtant rien de « clinique ». La force de la relation qui unit Emma (Karin Viard) à Simon (Laurent Lucas) fait avant tout de ce film une histoire d’amour, une initiation à la vie dans laquelle la maladie n’est pas le contexte exclusif. Haut les cœurs ! est une magnifique fiction portée par un duo d’acteurs qui s’était déjà croisé au cinéma. Frères et sœurs dans La Nouvelle Eve de Catherine Corsini, Karin Viard et Laurent Lucas forment ici un couple dont les personnalités s’épousent à merveille. Un élément prime dans leur relation, l’humour. Lors de la première chimiothérapie d’Emma, un casque destiné à rafraîchir les cheveux pour éviter qu’ils ne tombent est fixé sur son crâne. Simon, qui le trouve très « tendance », demande à l’infirmière où il pourrait s’en procurer un. Tous ces moments de sourires qui rythment le film permettent au spectateur de ne pas être enfermé dans la description de la maladie. L’humour dont font preuve Emma et Simon constitue également la clef de leur rapport au cancer. Ne pas prendre la maladie trop au sérieux, c’est lui dénier la possibilité de vaincre et donc se donner toutes les chances de guérir.

La mise en images, enfin, achève de faire de Haut les cœurs ! une véritable réussite. L’attention portée aux couleurs accompagne Emma dans son évolution : couleurs chaudes au début de sa maladie, puis de plus en plus pâles jusqu’à être quasi translucides lors de l’arrivée en chambre stérile. Sòlveig Anspach fait alors de Karin Viard un ange…