Petit film maniériste, Gangster number one exploite à fond l’imagerie liée au monde de la pègre, ici londonienne, directement inspirée des oeuvres de Scorsese ou De Palma. Les gangsters y sont charismatiques et élégants, vécus de costumes de marque et de chaussures italiennes, une montre en or ornant leur poignet. C’est d’ailleurs ce qui décide le jeune Gangster à entrer au service de Freddie Mays, un chef de clan qui l’impressionne par le raffinement de son habillement. Peu à peu, Gangster s’impose dans le cercle de Mays et finit par devenir son bras droit. Mais, rongé par l’envie, il nourrit bientôt l’ambition de prendre la place de son mentor, quel que soit le prix de cette conquête.

Gangster number one fait partie de ces films agaçants qui ne fonctionnent qu’à la séduction immédiate. Non content de ne s’en tenir qu’à l’apparence de ses protagonistes pour décrire le gang-land londonien des années 70, Paul McGuigan lorgne aussi sans vergogne vers le film de serial-killer. Son héros, Gangster, se révèle en effet être un monstre sanguinaire qui prend un réel plaisir à tuer, débarquant avec sa trousse à outils pour exécuter un crime. Au cabotinage pitoyable de Malcom McDowell qui incarne Gangster plus âgé, succède les mimiques outrancières de Paul Bettany dont le jeu principal consiste à fixer la caméra de ses yeux couleur d’acier pour nous terrifier. Peine perdue car le réalisateur, à l’évidence, prend le spectateur pour plus bête qu’il n’est, son héros évoquant plutôt ces mannequins hautains et aristocratiques des pubs Gucci. A moins que le cinéaste n’ait eu aussi en vue d’utiliser la conjonction homme d’affaire-tueur en série très tendance depuis Bret Easton Ellis.

A cette attention pour des détails superficiels répond le clinquant d’une mise en scène qui ne ménage pas ses effets. Regards caméra, prises à partie du spectateur par le héros, splits-screen incongrus, cadrages savamment biscornus, Mc Guigan tente en vain de dynamiser un récit finalement aussi creux qu’un (trop) long clip vidéo. Seul David Tewlis, l’inoubliable interprète principal de Naked de Mike Leigh, ici utilisé à contre-emploi, parvient à tirer son épingle du jeu par sa composition toute en retenue, trop bref aperçu de son talent.