Après avoir exploré l’espace dans tous les sens, Hollywood s’attaque aujourd’hui à un territoire quasi inédit dans le cinéma de science-fiction, les entrailles de la terre. Hormis les délires visuels de Méliès et les vieilles séries B ornementés de décors carton-pâte, peu de films se sont en effet aventurés dans cette région du globe encore très mystérieuse et sur laquelle les scientifiques disposent d’informations toutes relatives. Une carence de connaissances qui n’a pas empêché Jon Amiel d’imaginer ce « voyage high-tech au centre de la terre ». Contre toute attente, l’aplomb du cinéaste et sa volonté de tout expliquer en s’appuyant sur des hypothèses vérifiées ou non confère une crédibilité bienvenue au film. Avec l’aide d’une équipe de chercheurs, les scénaristes de Fusion tentent ainsi une approche rationaliste de l’histoire à partir de données qui feront sans doute sourire les géophysiciens mais qui ont le mérite de paraître probantes pour les néophytes en physique terrestre. Une fois encore se vérifie la capacité d’Hollywood à nous faire gober les fadaises les plus fantaisistes grâce à une conviction à toute épreuve (et notamment, un budget qui se donne les moyens de ses ambitions). Résultat : on se laisse embarquer sans grande réticence dans un récit qui prévoit rien moins que la fin imminente de la terre.

Alors que le champ électromagnétique du centre de notre planète s’est brusquement arrêté, provoquant des accidents en série, une équipe de « terranautes » est envoyée au centre de la terre pour tenter d’enrayer la catastrophe grâce à des explosifs sur-puissants qui auront pour effet de réactiver le noyau endormi. De la construction du vaisseau (un astucieux mixte entre la fusée, le sous-marin et le ver de terre) au choix de l’équipage, toutes les étapes de cette expédition sont couvertes par Jon Amiel au risque parfois de perdre le spectateur dans un dédale labyrinthique de thèses scientifiques. Le cinéaste prépare ainsi le terrain pour ce qui est censé être le clou du spectacle, l’entrée dans la couche terrestre, étonnamment bien rendue par le numérique. Techniquement parfait grâce à des effets spéciaux parfois très beaux (voir la géode de diamants), Fusion s’appuie aussi sur un récit efficace et bien rythmé qui fait la part belle à un suspens non dénué d’ironie (les morts presque programmées de la majeure partie des membre de l’expédition). Les amateurs de fantastique devraient ainsi trouver sans problème leur compte dans ce divertissement luxueux qui assume dès le départ sa démesure.