Le cinéma britannique a beau atteindre le tréfonds de la médiocrité, il n’en demeure pas moins très présent sur nos écrans. Faut-il voir derrière les sorties successives des Vainqueurs, de Maybe Baby et de Final Cut une conspiration qui aurait pour fin d’éprouver les nerfs et la rétine du spectateur français de bonne volonté ?

Libre en tout cas à ce dernier de snober la tendance automne-hiver des réseaux de distribution qui semblent s’être donné le mot pour le dégoûter à tout jamais d’Albion à travers une série d’insolents navets (rendez-vous pris également la semaine prochaine avec le second opus des réalisateurs, Gangsters, Sex & Karaoké, ainsi qu’avec le poussif Bread and Roses de Ken Loach). Pour ce qui est du film qui ici nous intéresse (façon de parler !), il s’agit grosso modo d’un remake trash des Copains d’abord de Lawrence Kasdan. A la mort de son compagnon cinéaste-amateur, une jeune femme réunit tous ses amis pour leur projeter un montage de scènes qu’il a tournées à leur insu et dans lesquels chacun se révèle sous un jour plus ignoble que l’autre. Sa petite compilation malsaine a pour conséquence de faire tomber les masques un à un. Comme il se doit, les conflits surgissent autour du sexe : tromperies diverses et variées, galipettes dans les toilettes, sniffage alterné de coke et de lingerie fine.

Avec pour uniques points de vue, cynisme et veulerie, Dominic Anciano et Ray Burdis ont vaguement dessiné les contours d’une galerie de personnages portant les mêmes noms que leurs interprètes (Jude, Sandie, Ray, etc.). Personnages auxquels ils ont demandé d’improviser en fonction des situations dans le but apparent de renforcer un effet de réel déjà lourdement sollicité par le mélange des supports utilisés (super-8, vidéo, 35mm). Tout cela ne mène à rien dans la mesure où la trivialité qui pollue le propos n’est à aucun moment transcendée par la mise en scène. A ce degré de petitesse et de fausse audace, la prétention iconoclaste de l’entreprise prête à rire et le malaise souhaité par les auteurs ne se matérialise jamais. Lorsque l’on vise la causticité et la cruauté d’un Buñuel, et que l’on atteint à grand peine le voyeurisme confortable d’une Mireille Dumas, il est temps de se poser des questions. Flasque baudruche promise à l’oubli, Final Cut ne mérite rien d’autre que la stricte indifférence qui, immanquablement, accueillera son apparition sur nos écrans.