Envole moi est, à l’image de son titre, d’une mièvrerie effarante. Il est vraiment difficile de trouver des raisons pour vous inciter à voir ce long métrage, qui s’illustre plus par son vide que par ses minces réussites. L’histoire est tellement rabattue, qu’on jurerait presque avoir déjà vu le film avant que celui-ci ne commence. Richard, un artiste raté condamné à 120 heures de travaux d’intérêt général, est chargé de tenir compagnie à Jane, une jeune fille atteinte d’une grave maladie handicapante. Entre les deux se noue une relation très forte et une tendre complicité. Jusqu’au jour où Jane, qui va bientôt mourir, demande à Richard de l’aider à perdre sa virginité…

Baignant dans un romantisme dégoulinant de bons sentiments, le film met la charge sur l’arsenal lacrymal, et rien ne nous est épargné pour provoquer notre pitié face à la jeune handicapée. La mise en scène est d’une ennuyeuse platitude, le réalisateur se contentant de mettre en images cette histoire digne d’un téléfilm de la BBC. On s’ennuie donc ferme, même lorsque Kenneth Branagh s’essaie au rôle de comique pendant deux ou trois scènes, juste avant de retrouver son masque d’homme bon et torturé. A cette histoire d’amour platonique (jusqu’à l’avant dernière scène !) s’ajoute le thème pseudo philosophique de l’envol, « rêve commun à tous les êtres humains ». Richard construit un avion et prend la métaphore « prendre son essor » au pied de la lettre. Dans son cerveau étriqué, le fait de pouvoir voler résoudra tous ses pathétiques problèmes d’ego. Ainsi, un jour, risquant le tout pour le tout, il emmène Jane faire un tour dans le ciel sur son engin brinquebalant… D’une symbolique proche d’un raisonnement d’un enfant de quatre ans, le film a pour enjeu de nous inciter à vivre pleinement notre vie, une sorte de carpe diem à la sauce Cercle des poètes disparus.
L’apothéose de ce lyrisme périmé nous est assené à la dernière scène, quand Richard se recueille près de la tombe de Jane, sur laquelle un avion est placé en position d’envol (toujours cette même finesse dans la représentation !), et où se trouve inscrit en grand, le message du film dédié à Jane : « nos vies pourraient être plus faciles mais jamais plus pleines ». Sans commentaire.