Chaque année, la saison estivale débarque avec sa cargaison de films d’action. Destination : Graceland en fait partie, avec son lot d’explosions, de cascades et de fusillades, de gentils mais pas trop et de méchants beaucoup trop. Ca n’a rien à voir avec un hommage au King mais c’est aussi rock’n’roll. Les histoires de hold-up finissent mal en général. Pour une poignée de dollars, cinq malfrats, ex-taulards un peu looser mais loin d’être rangés, ont la bonne idée de braquer un casino de Las Vegas, déguisés en Elvis Presley et armés jusqu’aux dents. Le jeu de massacre peut commencer. Seulement, au royaume de la flambe, les billets verts font tourner les têtes comme à la roulette et lorsque les règles du jeu changent, mieux vaut s’attendre au pire.

Ce qu’il y a de bien avec les films d’action, c’est qu’on s’ennuie rarement. Et ici, outre un stock inépuisable de cartouches, les ingrédients du film musclé sont habilement réunis pour offrir du grand spectacle à l’esthétique proche du clip sans être énervante, efficace, rythmé et finalement assez palpitant. Entre le sable à perte de vue du désert, le kitsch pailleté de Las Vegas et le froid de Vancouver, le réalisateur Demian Lichtenstein nous offre un road movie où la course-poursuite au magot est un but qui, à défaut d’être moral, peut s’avérer très avantageux si l’on est prêt à payer de sa personne. Le scénario, fondé presque exclusivement sur la manipulation et l’arnaque, réussit à semer le doute insidieusement dans l’esprit du spectateur. Au jeu du chat et de la souris, qui joue avec qui ? Servis par des comédiens qui défendent leur rôle comme leur peau (Kurt Russel en tête), les personnages déjantés évoluent dans un no man’s land chaotique où chacun profite des faiblesses de l’autre. On retrouve d’ailleurs avec plaisir ces comédiens dans des rôles étonnants, notamment Kevin Costner en chef de bande psychopathe et prétendu fils naturel d’Elvis ou encore Courteney Cox (loin de la sage Monica de la série Friends) en jeune ingénue, belle et mystérieuse qui cache son jeu derrière un sourire, semant la zizanie juste ce qu’il faut. Love me tender… love me true ? Rien de moins sûr…