Premier long métrage de Rodolphe Marconi, tourné il y a plus de deux ans, Défense d’aimer fait bien de sortir aujourd’hui sur nos écrans. Le tourmenté et lyrique Ceci est mon corps, en réalité son second film, nous avait laissé sur notre faim malgré les évidentes qualités qu’on pouvait y déceler, en grande partie desservies par une intrigue sentimentale embrouillée. Défense d’aimer, tout en ayant les défauts typiques d’un premier film, touche et séduit d’avantage, impose avec plus de finesse et de naturel le tempérament singulier de son auteur.

Bruce (Rodolphe Marconi, fort convaincant dans un rôle qui est à peu de choses près le sien), est un nouveau pensionnaire de la Villa Médicis, le célèbre édifice romain accueillant depuis des années des jeunes artistes du monde entier, les aidant pendant une année entière à mener à bien leur projet. Jeune réalisateur, Bruce se retrouve dans l’ambiance austère de la villa, lieu intimidant et sans convivialité. Mattéo, apprenti écrivain, lui rend plusieurs fois visite dans sa chambre, sans se rendre compte que Bruce est en train de tomber amoureux de lui. La première subtilité de Défense d’aimer est dans sa fluidité, la manière insensible dont le film, teinté d’une atmosphère recueillie, presque inquiétante, bascule dans une histoire de dépendance amoureuse, sans qu’il soit directement question de l’homosexualité de Bruce. Les personnages se fondent dans un décor à la fois intime et grandiose, les corps émanent de l’ombre, trouvent toujours un reflet dans les toiles de maîtres qui tapissent les galeries glaciales de la villa. On pourrait reprocher à Marconi l’affectation de ces procédés, trouver gratuits ses inserts sur les statues du parc et un peu facile sa représentation de l’attirance amoureuse. Mais ce ne serait pas faire justice à la subtilité de son discours sur l’amour, ni au raffinement de la mise en scène, jamais grandiloquente, fidèle aux émotions, sincère et directe comme le jeu de Marconi, qui s’est improvisé acteur pour l’occasion. Un film attachant et plein de promesses, qui on l’espère seront tenues.