Fort d’un succès foudroyant auprès des 11-17 ans, Louise Attaque est ce groupe français qui réussit à se maintenir plusieurs semaines d’affilée en tête des ventes d’albums. Un exploit au regard de la stratégie commerciale inexistante du groupe. C’est donc grâce à leur performance scénique et au bouche à oreille que s’est forgée la réussite de Louise Attaque. Thierry Villeneuve a eu la bonne idée de planter sa caméra lors de la tournée triomphale du groupe, en 1998, alors que les ventes du premier album dépassaient déjà les deux millions d’exemplaires. A mi chemin entre le portrait et l’analyse du phénomène, Crachez vos souhaits est un documentaire assez sympathique qui évite pas mal d’écueils, à commencer par une « starification » exagérée de son sujet.

Filmés par Thierry Villeneuve, les Louise Attaque apparaissent comme quatre gars plutôt simples, ni beaux ni charismatiques, sur qui le succès semble être tombé dessus par hasard. Il faut alors chercher la raison de leur ascension dans leur volonté presque obsessionnelle de vouloir à tout prix éviter le star system. Louise Attaque rêve d’abolir la fameuse barrière entre le groupe et son public. C’est donc tout naturellement que Thierry Villeneuve accorde une place privilégiée aux moments creux de la tournée : les trajets en bus et les gueules enfarinées du staff, les moments de répit où l’on peut siroter sa Kro peinard, le travail laborieux des roadies. Le cinéaste parvient à créer un habile contraste entre le quotidien routinier de la tournée et l’intensité des concerts. Assez bien mis en scène, ceux-ci accordent une place importante au public, quitte à filmer le chanteur de dos. En quelques plans, Thierry Villeneuve résume le rapport très fort qu’entretient Louise Attaque avec les spectateurs grâce à l’énergie déployée sur scène par le groupe. Comme s’il fallait leur rendre la monnaie de leur pièce, le documentaire donne souvent la parole aux fans lors d’entretiens assez touchants où ceux-ci expliquent pourquoi ils soutiennent le groupe. Moins convaincante, la partie « bonne conscience » du film où l’on voit Louise Attaque jouer pour Act-up n’est, quant à elle, pas exempte d’un arrière goût de politiquement correct. Avant tout destiné aux amateurs du groupe, le film cultive néanmoins une fraîcheur et une naïveté en totale adéquation avec sa cible.