Que Cosmos ait pu repartir du dernier festival de Locarno avec un prix de la meilleure réalisation dit combien l’auteur de Possession continue, de manière un peu incompréhensible, de profiter d’une certaine aura en dépit d’une filmographie gorgée d’exercices de style souvent foirés, généralement irregardables. Car il n’y a qu’une réputation lointaine mais tenace qui puisse justifier la sortie de ce Cosmos navrant, accident artistique aigre et autosatisfait, enfanté après quinze années de silence.

Adapté de son compatriote Gombrowicz, le film se noue autour de la rencontre entre Witold et Fuchs, deux jouvenceaux hauts en couleur tentés par la villégiature. L’un est étudiant en droit option poète maudit, l’autre bosse dans la mode et regarde des défilés tous les jours sur son Mac. Partis en province pour quelques jours, ces deux personnages légèrement caricaturaux vont se croiser au pied d’une maison d’hôte à la population fantasque, régentée sans gouvernail par une Sabine Azéma et un Jean-François Balmer au fond du trou.

Rapidement ingéré par cette auberge de tous les délires, le récit édifie son théâtre existentialiste à coups de vignettes guindées et lourdingues, emportées par des expérimentations formelles qui s’annulent et se marchent dessus, entre babillage citationnel (ça convoque Tolstoï et Stendhal, tandis que Sartre et “Spielbeurk” en prennent pour leur grade), réflexivité en surrégime et interprétation hirsute. Si l’ensemble ne manque pas d’une certaine forme de dérision (encore que), on se lasse trop vite de ce foutoir d’idées désordonnées, agglutiné autour d’une lecture du monde si âcre, si rétrograde, si confuse, qu’elle frappe tout le film du sceau d’un snobisme franchement antipathique. Rien pour inviter à l’indulgence, donc, pour ce petit bidule noyé sous sa fantaisie pédante et grotesque, qui se rêve en masterpiece de vieux sage iconoclaste mais ressemble à une production AB remixée par Godard.

4 COMMENTAIRES

  1. Dommage d’ailleurs que vous n’évoquiez pas le roman dans votre critique, ce qui aurait permis d’analyser en quoi l’adaptation est à côté de la plaque. Mais j’imagine que vous ne l’avez pas lu. C’est un chef-d’oeuvre.

Comments are closed.