A 25 ans, Léo (Sagamore Stévenin) est étranger au monde, ou en tout cas à notre civilisation. Lorsque son père, directeur de l’orphelinat d’orangs-outangs dans lequel Léo a passé toute sa vie, décède, le jeune homme décide de quitter Bornéo pour la France. S’ensuivent de multiples rencontres (casting adéquat avec quelques guest-stars de « bon goût » : Jean-Yves Lafesse et Olivier Carreras, entre autres) qui vont initier ce néo-Candide à notre « impitoyable » civilisation… Le projet de Patrick Schulmann -réaliser une comédie « fin de siècle »- est estimable, le résultat l’est beaucoup moins. Comme une bête ressemble en effet à un film de vieil anar aigri, tendance réac’. Truffé de répliques et de situations « bêtes et méchantes » qui ne font jamais mouche (on sourit péniblement deux ou trois fois pendant la projection), le film cherche à dénoncer les travers de notre société moderne. En vrac, Schulmann s’attaque au racisme -voire au néo-nazisme-, à la techno (critique assez mal venue quand on entend la musique -sorte de soupe synthétique- que le cinéaste a composé lui-même pour son film), à la beauferie, à la télévision, ou encore à la banalisation de la violence. Tout cela est bien gentil, mais l’approche de Schulmann manque d’originalité et de réflexion, surtout pour un film qui se veut acerbe. Comme une bête est du sous-Mocky, mais boursouflé : extérieurs à Bornéo (justifiés par quelques plans « carte postale » pendant le générique), cascades à gogo en moto (on se croirait dans un mauvais film d’action des années 80 : merci Rémy Julienne !), effets spéciaux dernier cri (qui n’illustrent que des idées naïves et ridicules : une voiture dont l’ »avant virtuel » déjoue les accidents ou une « boîte à vide » qui permet d’échapper à l’hostilité du monde extérieur), durée aberrante (2h10 : on n’en voit pas la fin). Quant au cinéma, inutile de dire qu’il est singulièrement absent ici, malgré toutes les velléités du metteur en scène : sa séquence d’amour dont la ligne verticale du milieu de l’écran fait miroir n’impressionnera que des spectateurs imbibés -seul moyen permettant peut-être d’apprécier Comme une bête, et encore…