En France comme ailleurs, parmi toute la tripotée de personnalités célèbres (hommes de télé, musiciens, comiques, réalisateurs de pub…) qui décident du jour au lendemain de s’essayer au cinéma, on trouve un grand nombre d’opportunistes. Chacun prétextant vouloir réaliser un vieux rêve entretenu depuis toujours, ou encore prendre un tournant dans sa carrière ; aucun d’entre eux n’avoue trouver là un des meilleurs moyens de se faire un très gros paquet de fric. Régulièrement, les déchets ultra-commerciaux qui en résultent parlent d’eux-mêmes : L’Extraterrestre, L’Ame sœur, Taxi. Par exemple.

Néanmoins, il arrive occasionnellement que ce chemin privilégié révèle de jeunes talents insoupçonnés, dont le but premier n’est pas de ramasser le pactole mais bien d’énoncer un discours vital, un message qu’il convient de partager avec le public. Comme un aimant est de ceux-là. Qu’on ne porte pas trop d’attention à l’affiche du film de Kamel Saleh et d’Akhenaton (porte-parole du groupe de rap marseillais IAM, mais qui peut encore l’ignorer ?), car celle-ci met en avant le principal défaut du film : l’influence trop forte du cinéma américain, pris comme mode d’emploi et non comme référence. Du coup, les deux jeunes cinéastes, élevés au bon vieux polar ricain, finissent par produire une mise en scène assez maladroite. Heureusement, au delà de la réalisation, le film raconte une histoire forte et honnête. Comme un aimant dépeint le quotidien d’un quartier marseillais, où les vies de huit personnages s’entrecroisent sans cesse. Ces jeunes paumés, vivant au jour le jour de petites arnaques ou de « gros coups », ne rêvent pas spécialement de lendemains meilleurs, mais cherchent apparemment à survivre. Ainsi, Akhenaton et Kamel Saleh nous mettent face à la mise en images de quelques épisodes tirés de leur propre expérience ou de celle de leurs amis. Sans avoir la prétention moralisatrice d’un Kassovitz, les deux Marseillais invitent simplement le spectateur à la constatation… car les situations mises en scène parlent d’elles-mêmes. Ils tissent ainsi une fresque urbaine, assez pessimiste, où l’amitié constitue peut-être l’unique moyen de s’accrocher à la vie et de ne pas sombrer dans la folie.