A l’heure des comédies vulgaires (Les 3 Frères, Les Visiteurs, La Cité de la Peur, etc… ) … Comme Elle Respire vient à point nommé pour relever le niveau. Ici, pas d’expressions pré-fabriquées à citer toutes les deux phrases pour épater les copains en soirées et montrer qu’on a de l’humour. La drôlerie est cette fois plus subtile puisqu’elle tient à la fois à l’image, aux dialogues et au jeu des comédiens. Bref, elle utilise au maximum les possibilités offertes par le cinéma et cela fonctionne parfaitement ; citons par exemple la scène de kidnapping et celle de palabres entre les ravisseurs encagoulés.

L’histoire est simple : une jeune mythomane (Marie Trintignant) se fait passer pour une riche héritière et devient la « cible émouvante » (hé hé…) de trois escrocs minables (Guillaume Depardieu, Jean-François Stévenin et Serge Riaboukine). Pour son troisième long métrage, Pierre Salvadori retrouve son couple fétiche Depardieu-Trintignant deuxième génération, plus complices que jamais (et qui semblent s’amuser autant que le spectateur).
Il serait d’ailleurs bon que les nombreux détracteurs du « fils » Depardieu voient ce film car cette fois il est incontestablement parvenu à se faire un prénom, réussissant à évoluer dans les registres comique et dramatique avec aisance et finesse. Et on peut difficilement ne pas apprécier Marie Trintignant en sympathique illuminée, comme on ne peut que jubiler devant la performance de l’autre couple : surprenant Stévenin et impayable Riaboukine (qui soit dit en passant, mériterait plus de reconnaissance auprès du grand public ; en espérant toutefois qu’il ne devienne pas un nouveau phénomène de foire digne du rôle-titre d’Astérix dans la prochaine méga-production cinématographique française).

Quant à Pierre Salvadori, à qui on doit déjà Cible Emouvante (1993) et Les Apprentis (1995), il fait paisiblement son petit bonhomme de chemin avec discrétion et modestie, nous délivrant à chaque fois des films intelligemment drôles, dignes et jamais vulgaires, souvent proche du Blier de Buffet Froid pour les dialogues, et du Lautner des années soixante pour la mise en scène. Bref, Salvadori nous offre un excellent divertissement dans lequel on reconnait un style personnel (chose de plus en plus rare dans le jeune cinéma actuel), qui peut dans une certaine mesure rappeler les premiers films de Mocky qui, bien que n’étant pas toujours de grande qualité, laissaient au spectateur une réelle impression d’originalité par rapport à ceux de ses pairs. Ceci est d’autant plus appréciable que cette fois-ci, le réalisateur a pris le risque de mélanger les genres, maîtrisant le passage souvent délicat de la comédie burlesque à la comédie dramatique douce amère.