Sous titré « L’histoire vraie du plus grand criminel australien », Chopper ne tient pas ses promesses. En guise de biographie, Andrew Dominik se contente de coller bout à bout des scènes violentes et choquantes croyant faire acte de narrateur avisé et original. Au final, son film ressemble plutôt à un interminable clip bourré de clichés.

A l’origine, il s’agissait de raconter deux périodes de la vie de Mark Chopper, un criminel australien devenu par la suite auteur de best-sellers. Dans la première partie, on suit Mark, plus communément nommé Chopper, dans une prison où il tente de s’imposer comme le chef du quartier de haute sécurité en mélangeant agressivité et douceur avec ses collègues de barreaux. On le retrouve 15 ans plus tard alors qu’il s’improvise justicier de la ville en tuant les dealers de drogues, soit disant pour le compte de la police. Doté d’une personnalité torturée et contrastée, Chopper est à l’évidence un personnage fascinant et l’on comprend l’intérêt que lui ont porté les médias puis le réalisateur du film. Il y avait en effet matière à s’interroger sur la relation d’attirance-répulsion que certains grands criminels exercent sur le public. Malgré les atrocités commises, Chopper est devenu un auteur célèbre et reçoit un abondant courrier de fans.

Pourtant, Andrew Dominik ne s’intéresse que très peu à ce pan de l’histoire et préfère se concentrer sur les bouffées de violence de son héros. Interprété par Mark Bana (un célèbre comique australien), Chopper monopolise la caméra pour de longs « happenings » sanglants alternant automutilation et agressions sur autrui. On sent chez le réalisateur une fascination un peu malsaine pour le sang qu’il ne met pourtant pas en scène de manière originale. Pire, l’éclairage, d’un blanc lumineux en prison, puis tout en couleurs saturées lors du retour en ville, ancre le film dans un univers « arty » et artificiel peu approprié. En semant ça et là quelques gadgets visuels comme des accélérés ou des ralentis ludiques, le réalisateur minimise définitivement la portée de son film, pochade prétentieuse surfant sur la vague des serial-killers.