Patrick Chesnais est un comédien français dont le parcours s’est partagé entre la scène, des seconds rôles de cinéma auxquels il a souvent apporté un relief non négligeable (notamment chez ses employeurs attitrés : Juliet Berto, Deville, Lelouch) et la télévision où sa silhouette bougonne s’est promenée au gré de fictions policières ou familiales destinées au prime time. Pour ses débuts dans la mise en scène, il a développé un scénario en compagnie de Caroline Cochaux et Jean-Louis Milési (collaborateur de Robert Guédiguian et réalisateur de l’indigeste Nag la bombe) et s’est attribué le rôle-titre de Charmant garçon, celui d’un loser sympathique, d’un ringard obstiné et entêté qui s’est mis en tête de séduire une inaccessible et élégante blonde plus sensible aux charmes du playboy BCBG qui la courtise qu’à ses insistantes maladresses de paumé moyen.

Un récit désinvolte qui joue la carte d’un humour décalé et un rien désuet, loin de la comédie sociale en vogue aujourd’hui et empreint d’une touche de mélancolie et de nostalgie. D’où un film qui se concentre principalement sur ses personnages (portant tous des noms issus du répertoire théâtral : Octave, Achille, Esther, Hippolyte, Dandin, Arnolphe, etc.) et les situations dans lesquelles il les place. La réalisation, un rien paresseuse, se contente d’enregistrer les numéros de chacun : Patrick Chesnais, visiblement solidaire de son double fictif cabotine à qui mieux-mieux avec suffisamment de malice pour faire passer la pilule, son compère Jean-François Balmer s’amuse aussi, de toute évidence beaucoup, Samuel Labarthe endosse les oripeaux du bourgeois pincé et Micheline Presle joue les mamies fumeuses de joints avec le panache et l’esprit qu’on lui sait.

Charmant garçon, on le sent, a tout du cinéma de copains et chacun semble prendre du bon temps comme s’il s’agissait là d’une partie de poker arrosée ou d’un bœuf improvisé. Seulement Chesnais n’est malheureusement pas Cassavetes et il faut bien constater qu’il ne tire pas vraiment profit de cette réunion entre vieux potes. Le plaisir qui est le leur n’est guère communicatif. Peut-être en raison de la faiblesse de l’écriture ou de la banalité même du propos. Peut-être aussi parce qu’une entreprise pareille, aussi sympathique soit-elle, nécessite un peu plus que de la nonchalance assumée pour parvenir à toucher et s’élever visuellement au-dessus du niveau d’un téléfilm médiocre. Charmant garçon, sans être déplaisant ni désagréable à regarder, ne nous parle jamais de cinéma. C’est regrettable.