Remake en forme d’hommage aux comédies sexuelles sophistiquées du début des sixties (Ne m’envoyez pas de fleurs de Norman Jewison et les films du duo Rock Hudson / Doris Day), Bye bye love est un objet curieux, atypique, qui charme par sa façon de s’en tenir aux codes « rigides » du genre -intrigue cousue de fil blanc, artifices et décors rose bonbon, couleurs saturées et glamour rutilant-, tout en évoluant à la manière d’une petite fantaisie en roue libre, dont la dynamique fluide et entraînante n’est jamais entravée par un respect trop obséquieux de ses modèles.

A ma droite, Barbara Novak (Renée Zellweger, pimpante et toquée), jeune féministe un peu coincée dont le best-seller émancipe et transforme la vie sexuelle des femmes de toutes la planète (« L’Amour non merci ! » : soit le sexe à la carte et sans amour pour triompher de gent masculine). A ma gauche, envers et contre toutes, Catcher Block (Ewan McGregor), journaliste star, séducteur impénitent et macho fort sympathique : une cible et un piège idéal qui vont brouiller toutes les cartes. Si les figures imposées du genre sont respectées à la lettre, entre joutes amoureuses échevelées et stratagèmes de séduction délirants, le film semble toujours légèrement au-dessus de l’aimable mécanique sur lequel il repose. Tout le charme de Bye bye love tient dans cet entre deux, une sorte d’espace flottant trouvé entre la pure reconstitution, d’une minutie et d’un raffinement extrêmes, et la trop grossière « légèreté » qu’impose sa mise en mouvement. Y croire sans trop y croire (l’explication finale complètement farfelue dont ni les acteurs ni le cinéaste ne semblent dupes), jouer le jeu jusqu’au bout sans jamais perdre de vue l’horizon foldingue et dérisoire de ce genre éphémère dont L’Affaire Thomas Crown (toujours de Jewison) fut l’aboutissement : telle est la position jubilatoire et décalée tenue de bout en bout par le film.

Il n’est pas dit que Peyton Reed, en portant à incandescence qualités et défauts du genre, un peu à la manière de McTiernan lorsqu’il refait Thomas Crown (1999), ne dépasse pas très largement les modèles qu’il se plaît à singer. Une chose est sûre : comme le formidable Galaxy quest de Dean Parisot (2000), comédie de science-fiction revisitant les classiques des années 70, Bye bye love fait partie de ces vrais-faux remakes qui, en ajoutant du jeu sur le jeu et en portant un regard vif et pétillant sur la naïveté d’un genre ou d’une époque, feignent de descendre avec nostalgie dans le temps pour en remonter tout neufs et raffermis. Nulle trace ici de dandysme ou de vague cérémonial karaoké : simplement un cinéma à l’ironie amoureuse et doucement champagnisée.