Boys and girls ou une nouvelle plongée dans le monde féerique des teenagers américains, à mille lieues des fusillades lycéennes, des viols traumatisants et des vraies angoisses adolescentes. Une fois cette condition acceptée, le film de Robert Iscove peut s’apprécier pour ce qu’il est : un modèle de comédie romantique, bourré de trouvailles et rythmé à la perfection. Pourtant, rien de plus banal que cette love-story entre Ryan (Freddie Prinze Jr.) et Jennifer (Claire Forlani), respectivement garçon sage et fille délurée (mais pas trop quand même). Si leur relation débute de manière plutôt houleuse, les deux étudiants finissent par devenir les meilleurs amis du monde avant de succomber, comme de bien entendu, aux sirènes de l’amour. Problématique essentielle du film : peut-on passer sans conséquences du copinage chaste au 69 complice ?

L’équilibre de Boys and girls tient à une savante mixture entre amourette nunuche et de gags délirants, qui reposent en grande partie sur le corps clownesque de Jason Biggs, déjà responsable des pitreries les plus mémorables d’American pie. Dans le rôle de Hunter, co-locataire de Ryan, l’acteur fait des prouesses en séducteur maladroit, prêt à se travestir en ballerine afin de mieux draguer les nanas du cours de danse. C’est cette énergie burlesque en background qui, étrangement, donne toute sa légitimité, voire une certaine beauté (pour les plus sensibles) à la romance du couple de protagonistes, comme stimulée par la frénésie comique de ce Jim Carrey juvénile. De ces énergies complémentaires (la passion tout en douceur d’une part, le non-sens débridé de l’autre), Robert Iscove tire un excellent divertissement. Dialogues enlevés, mise en scène soignée, casting inspiré : le cinéaste connaît la recette du teen-movie, et, après un honorable coup d’essai (Elle est trop bien), confirme son savoir-faire en la matière. Avec un génie particulier pour les séquences dansées : à l’instar de son premier long métrage, l’ex-chorégraphe Iscove touche au sublime lorsqu’il filme ses héros se trémoussant sur de la musique djeune, perdus au coeur d’une armée de professionnels aux mouvements impeccablement huilés. Un moment tellement jubilatoire qu’il en devient bouleversant.