Il faut parfois se méfier, quand l’animation japonaise flirte avec l’expérimental, elle frôle souvent l’escroquerie. Gratuitement absconse, formaliste jusqu’à l’exagération, l’avant-garde de la japanim’ sert souvent de base à un futur catalogue de gimmicks scénaristiques ou esthétiques. On pourra dès lors reprocher à ce Boogiepop phantom de surfer sur la vague Lain : même propension à l’afféterie formelle -image sous-ex, manipulations sonores-, intrigue volontairement obscure… Aussi agaçante que fascinante, la réalisation outrageusement poseuse de Takashi Watanabe (Slayers) est en fait faussement audacieuse. C’est du déjà vu et revu, à l’instar de ce générique de début funky, en total décalage avec l’atmosphère générale de la série (cf. Lain, NieA_7 ou Kacho-Ohji).

Pourtant Boogiepop phantom nous a séduit. Plus par son intrigue -pondue par Sadayuki Murai, le scénariste de Perfect blue, d’après des romans de Kouhei Kadono- que par ses gadgets visuels. Une sombre histoire de mutations et de disparitions inexpliquées dont sont victimes des collégiens à la suite d’une mystérieuse explosion. Là aussi, on reste en terrain connu, soit les affres de l’adolescence vus à travers le prisme de métaphores plus ou moins freudiennes, mais le scénario choisit une voie plutôt surprenante : entre oeuvre chorale et construction à la Rashômon. Il n’y a pas de héros centraux dans Boogiepop, ou plutôt si, il y en a, mais on les voit très peu. Vagabondant entre plusieurs protagonistes dont les expériences se recoupent -ce qui nous vaut de singulières répétitions comme si la série se mettait à bégayer- Boogiepop phantom ne connaît qu’une seule récurrence : celle d’une jeune fille (ou garçon, on ne sait pas très bien) fantomatique, croque-mitaine next-gen, qui vient clore chaque épisode par la mise-à-mort du personnage principal temporaire. Une sorte de mort alternative, qui apporte aux âmes tourmentées la paix, et la vérité sur leur nouvelle nature, leurs désillusions se délitant dans l’oubli ou des meurtres d’une sauvagerie inouïe…

A noter, toujours chez le même éditeur, la reédition en DVD de deux grands classiques : Visions of Escaflowne et surtout l’immense Neon Genesis Evangelion.