A priori, l’adaptation du super héros de comics Blade ne devrait pas nous réjouir. Les films issus de bandes dessinées ne font généralement pas les beaux jours du grand écran. Pour des adaptations réussies comme Batman (du moins les deux premiers épisodes), ou encore The Crow, combien de ratages éhontés tels que Spawn, Le Fantôme du Bengale, Punisher, Barbwire… la liste est longue. Mais là où certains affichent un style racoleur et à la mode, Stephen Norrington, excellent artisan, offre à Blade une esthétique sombre, imposante, où chaque plan prête au plaisir des yeux.
Mi homme mi vampire, Blade (Wesley Snipes) traque inlassablement les suceurs de sang, et ce avec l’aide d’Abraham Whistler (Kris Kristofferson), son père spirituel, qui lui fournit des armes ultra sophistiquées. Mais le « blade runner » lutte contre une race à laquelle il appartient. A l’aide d’une jeune médecin, Blade va tenter d’anéantir la pègre de vampires gouvernant la cité. On pourrait voir dans la dualité du personnage de Blade, la dualité du film même. Car il se refuse à rentrer dans le moule d’un genre et partage équitablement le spectacle (puisque ce n’est que de cela qu’il s’agit) entre l’action et le fantastique. Cette combinaison entre deux genres distincts, et qui a déjà donné de grands films ratés, réussit fort bien à Blade. Ce film d’une beauté visuelle confondante (une scène d’ouverture se finissant dans un bain de sang inouï donne le ton), ne donnera au spectateur que ce qu’il vient y chercher. Mais là où certains films prennent du recul sur leur sujet en y accolant une bonne dose d’humour -se rangeant de ce fait du côté du spectateur pour mieux les flatter- Blade, d’un sérieux pathétique mais jouissif, ne cherche à plaire à personne. En cela, le film marque le renouveau d’un genre sérieusement en déclin. C’est gore, ça coagule de partout, c’est sombre et moite, c’est bruyant, c’est en effet tout cela, mais quel plaisir !