Betelnut beauty est le second long métrage issu de la collection « Conte de la Chine moderne » initiée par la productrice Peggy Chao, à qui l’on doit notamment The Hole de Tsai Ming-liang. Après Beijing bicycle de Wang Xiao-shuai et son récit ouvertement social, le film de Lin Cheng-sheng se situe dans un registre nettement plus léger : la bluette adolescente. On y retrouve l’intérêt du cinéaste pour la jeune génération déjà mise en scène dans ses précédents films Murmur of youth, Sweet degeneration et March of happiness, tous trois salués par la critique lors de leur sortie. Dommage que le cinéaste n’ait pas été aussi inspiré par la commande de Peggy Chao dont ne ressort au final qu’un gentil récit un peu vain et assez dispensable.

Fei-Fei, une adolescente qui souffre de la séparation de ses parents, décide de s’enfuir de chez elle pour rejoindre les vendeuses de noix de betel, plus communément appelées « Betelnut beauties » en raison des tenues sexy qu’elles arborent pour appâter la clientèle, en majorité masculine. Installées dans de petites cabines en verre, elles usent avec grâce de leurs charmes pour vendre ces noix qui, une fois mâchées, produisent un effet proche de celui de la caféine. Lin Cheng-sheng avait là matière à réaliser un film assez passionnant sur ce milieu pittoresque empruntant beaucoup au monde des prostituées dont on retrouve le look et la soumission incontournable au milieu mafieux. Hélas, ce n’est pas le propos du film qui n’utilise les « Betelnut beauties » que pour « encanailler » l’histoire d’amour un peu niaise qui sert d’argument principal au film. Fei-Fei s’amourache en effet de Feng, un jeune homme qui vient de quitter l’armée pour s’installer à Taipei. Le cinéaste suit alors les atermoiements des deux tourtereaux qui vont devoir s’apprivoiser.

Après avoir fait le tour des doutes qui préoccupent la majeure partie des jeunes adultes « Qu’est-ce que je vais faire de ma vie ? », « Suis-je trop jeune pour me caser ? », « J’ai peur de reproduire le même schéma que mes parents », Lin Cheng-sheng finit par rajouter à son récit un peu trop conventionnel un improbable braquage dont l’issue malheureuse coûtera la vie à Feng. Se contentant de rester à la surface des sentiments qu’il tente de saisir, le cinéaste met bout à bout un ensemble de scènes type, usant parfois de raccourcis assez déroutants dans l’élaboration de son histoire, comme si, pour traiter des jeunes, le récit devait forcément reproduire une « rapidité » qui fait soi-disant la particularité de cet âge. En résulte une somme de vignettes aussi artificielles et naïves qu’une banale et universelle sitcom…