Au delà de nos rêves est un film à gros « moyens » qui perd, dès le début, tous ses moyens face à une démesure décorative qui rappelle Titanic de James Cameron mais sans l’ingéniosité de ce dernier qui a su gérer une entreprise de si grande envergure. Il était une fois… un homme et une femme… qui, dès qu’ils se virent, s’aimèrent à tel point qu’ils se marièrent et eurent deux enfants… Cependant deux drames survinrent séparant ainsi la gentille famille du monde des vivants et du monde des morts. Le film n’est qu’une succession d’échecs ; l’histoire d’amour est peu crédible et demeure, jusqu’à la fin, gnangnan au possible, les décors sont submergés par des effets ridicules (ralentis, légère impression de flou, couleurs ternes) visant à accentuer continuellement le drame, tellement pesant que le film en devient dramatique, non seulement dans le fond mais aussi dans la forme. Vincent Ward n’a en aucune façon la dynamique de Gilliam ou de Fellini pour tirer profit de ses décors, même si le film dispose d’une richesse iconographique indéniable (Bosch, Botticelli, Monet, Friedrich, Turner) mais tellement mal utilisée. Ce qui devait être un délire visuel devient vite un délire narratif débile et sans finesse pourtant basé sur une idée sensible, romantique et naïve, mêlant rêves, imagination et réalité. Au delà de nos rêves n’atteint pas le lyrisme magique des Trois lumières de Fritz Lang qui est une véritable réussite. Le film de Vincent Ward est un véritable désastre. Ma colère contre le film est à la hauteur des espérances que l’on pouvait avoir, car le réalisateur avait tous les moyens à sa disposition pour faire rêver. Au lieu d’un rêve, c’est un cauchemar qui nous donne une impression étrange… celle de se sentir vraiment « con » sur son siège devant le paroxysme du ridicule et de la mièvrerie. Le ridicule ne tue pas, il torture.