Après 2 mois d’une campagne publicitaire effrénée, le fameux Armageddon arrive sur nos écrans pour tenter de ravir la place de la meilleure apocalypse à Deep Impact. La différence entre les deux films pourrait se résumer à leur représentation esthétique du dit cataclysme. Si Deep Impact noyait New York sous un raz-de-marée dévastateur et fulgurant, Armageddon lui, fait durer le plaisir en massacrant la Terre à coup de météorites comme autant de missiles venus de l’espace. Car si le film de Mimi Leder jouait la carte de l’émotion dégoulinante et de l’humanisme niais en nous faisant attendre le raz-de-marée pendant plus de deux heures, Armageddon ne tente jamais d’entrer dans le mélodrame psychologique, c’est un film d’hommes qui se battent contre leur destin, point.

Bien sûr la position de Michael Bay est plus basique mais elle a pour elle d’être également beaucoup plus franche. Armageddon sert sur un plateau les ingrédients de base de tout film à spectacle : de l’épique, des héros courageux campés par des acteurs reconnus (l’inévitable Bruce Willis, Billy Bob Thornton), une pléthore d’effets spéciaux plus spectaculaires les uns que les autres, sans oublier l’inévitable ressort comique incarné ici par Steve Buscemi et Peter Stormare (le couple vedette de Fargo) qui ont l’air de beaucoup s’amuser, les veinards.

Ce qui différencie Armageddon de ses autres concurrents est son attachement aux valeurs de base de la société américaine ; ainsi les héros ne sont pas comme on pourrait le croire des militaires aguerris mais de rustres foreurs dont le chef (Bruce Willis) s’inscrit dans la droite lignée des « Self Made Men » outre-Atlantique. Ainsi, l’Amérique va être sauvée par le peuple, de braves ouvriers qui acceptent de risquer leur vie pour leur pays, car ici le reste du monde n’existe que sous la forme de carte postale digne d’une pub de British Airways. Le monde réduit à la taille des Etats-Unis n’est pas une donnée nouvelle pour le spectateur, mais dans le film de Michael Bay cela atteint des proportions énormes tant l’éventail de personnages est représentatif de la population des USA : il y a un gros, un noir, un divorcé malheureux, etc. Le quota s’élargit à tel point que l’identification n’est plus possible au spectateur étranger. Ainsi, l’enjeu du film perd toute son importance et les multiples tensions qu’aimerait nous infliger Michael Bay ne fonctionne pas une seule seconde. De plus, si le film démarre assez explosivement par l’incroyable destruction d’une partie de New York (dont la décapitation de l’Empire State Building) par une pluie de météorites en fusion, il n’arrive pas par la suite à retrouver le niveau de cette première et prometteuse séquence. La partie se déroulant sur l’astéroïde en effet, pêche par un manque flagrant de mobilité.