Soyons franc et brutal : Otomo a relativement foiré l’adaptation de son manga fleuve sur grand écran. À sa décharge, c’était vraiment mission impossible, d’autant que la bande-dessinée n’était pas encore achevée lors de la réalisation du DA. Reste un film à l’indéniable puissance visuelle -travail audacieux sur la palette des couleurs, mise en scène au couteau- et sonore -pré-synchro des dialogues, musique hallucinée et avant-garde de Shoji Yamashiro. Évidemment, l’intrigue se barre en sucette sur la fin en tentant vainement de retranscrire une histoire originale s’étalant sur plusieurs centaines de pages… Jusqu’à devenir complètement abscons pour celui qui n’a jamais eu le privilège de lire ce chef-d’oeuvre SF qu’est le manga Akira. On ne reviendra pas sur certains choix scénaristiques discutables -Akira = morceaux de bidoche trempant dans le formol ?!-, Akira le film a beaucoup oeuvré pour redorer le blason de l’animation japonaise, au moins d’un point de vue technique, ce qui est déjà énorme. Un mythe, mutilé, tronqué, torturé, mais un mythe tout de même.

La soi-disant « édition spéciale », alléchante sur le papier, se révèle un peu décevante dans la pratique, surtout si on la compare à son homologue Z1. Image irréprochable vu l’âge avancé du film, malheureusement la version originale japonaise n’a pas subi le même traitement de faveur 5.1 des versions française et anglaise. Il faudra se contenter d’un « simple » 2.0, alors qu’une piste nippone 5.1 existe (sur le DVD Z2 Jap. notamment). Côté bonus, c’est encore pire : quasiment que du textuel, un making of intéressant mais mal « branlé » (voix anglaises sur voix japonaises, beurk !), exit l’interview filmée de l’auteur, les docus sur le travail sonore, j’en passe. Vous savez ce qui vous reste à faire si votre lecteur est dézoné et si les ST anglais ne vous rebutent pas… d’autant que le packaging de la Z1 est nettement plus classieux.