Il porte bien son nom, le collectif de prestige 3 extrêmes. On y trouve pêle-mêle la roublardise du procédé qui entend présenter l’épouvante des trois pôles star du cinéma asiatique, ainsi que le côté récréatif mondain de cinéastes radicaux en vacances. Artificiel mais gentiment sclérosant, ce cahier des charge tend aussi bien à la miniaturisation d’une culture qu’à générer une sympathie croissante au fil des segments, aussi inconstants soient-ils. On est plus vraiment au cinéma avec 3 extrêmes, mais plutôt dans un guide du routard du cinoche : forcément incomplet, light, ultra light au point de déformer les traditions qu’il récite, mais bien rythmé, clair et carré. Déjà ça dirons-nous, vu qu’hormis le nippon Takashi Miike, les autres ambassadeurs, surestimés ou suppléants, font figures de nains diplomatiques.

Oui, on aurait pu rêver à meilleur casting (Bong Joon-Ho, Wong Kar-waï), mais le dispositif du recueil et du thème imposé a le mérite de mettre chaque talent à plat. Pour Miike justement, qui s’en tire bizarrement assez mal, comme paralysé par l’enjeu. Dernier segment de la trilogie, sa Boîte est remplie de fulgurances mais déçoit par son coté carte postale japonaise, avec décorum traditionnel, fantômes et métaphores à la petite semaine. Ce classicisme mou rappelle les dérives festivalières de Kim Ki-Duk, versant dans un formalisme world trop balisé. Néanmoins, le film révèle mieux que n’importe quel Dead or alive le meilleur du cinéaste, sa manière de saisir l’effroi en une seule image, de glisser d’un récit à l’autre sans crier gare.

On passera sur Coupez, l’essai grand-guignol d’un Park Chan-Wook égal à lui-même : en gros, du Stephen King ahuri, imbibé dans une stylisation rutilante de pub Carte d’Or. Une demie chose à sauver toutefois : un ludisme de gros patapouf pas forcément antipathique, que la courte durée du film préserve comme par miracle. Mais tout de même, victoire aux points, de Nouvelle Cuisine, l’ »Extrême » de Fruit Chan, cinéaste indépendant de Hong Kong. Encore méconnu du grand public occidental, il délaisse son style sec pour un kit plus moelleux de Wong Kar-waï, lequel a sûrement décliné l’invitation. Si on ne parvient pas réellement à identifier le cinéaste, masqué derrière la virtuosité formelle du chef op d’In the mood for love, l’intrigue (une femme cuisine des raviolis rajeunissants à la chair de foetus) et la beauté singulière des actrices tracent deux rails solides pour le film. En bref, on tient là du cinoche Canada Dry plus ou moins éventé. Du (faux) film de genre.