On savait Michael Winterbottom réalisateur médiocre (Welcome to Sarajevo, Wonderland), on le retrouve en fossoyeur d’un des projets les plus excitants du cinéma anglais. Redonner vie à l’une des périodes les plus folles de l’histoire musicale, celle qui a vu l’émergence de groupes mythiques (Joy Division, New Order, Happy Mondays) dans le Manchester des années 80 rebaptisé « Madchester » tant la ville semblait alors pulser au rythme des dance-floors. Centré sur la figure phare de Tony Wilson (lire notre entretien), créateur du label « Factory record » et de la légendaire boîte de nuit The Hacienda, 24 hour party people se propose de revisiter cette époque en prenant bien soin de la démythifier, histoire de nous ôter les quelques rêves et fantasmes qui nous restaient encore après les odyssées des Beatles et des Rolling stones. Interprété par le cabotin Steeve Cogan, Tony Wilson devient sous l’oeil de Winterbottom un vulgaire trublion noctambule adepte de blagues salaces et de bonnes parties de jambes en l’air. A l’évidence, le réalisateur entreprend de saper l’aura charismatique de chacun des protagonistes en les rendant tous ridicules. Entreprise qui culmine avec la figure du leader de Joy Division, Ian Curtis, réduit à un pâlot gringalet gesticulant frénétiquement et dont le suicide est traité sous la forme d’une inepte plaisanterie.

24 hour party people, c’est un peu comme si l’on demandait à un pilier de pub de nous raconter les dix années qui ont secoué Manchester. Au lieu de tendre vers l’hommage lyrique à la manière d’un Todd Hayne avec son Velvet goldmine, Winterbottom s’accapare l’histoire pour nous la vomir sous la forme d’une longue blague potache. Une approche qui a le mérite de prendre tout le monde de court mais qui rabaisse singulièrement le niveau du projet. Aucun moment de beauté ou de poésie ne vient rappeler la liesse d’une période charnière pour l’Angleterre où soudain une ville sinistrée par la crise économique devenait le centre du monde musical. On ne saurait trop conseiller aux fans de cette période de se procurer le récent hors série du NME qui lui est consacrée et de s’acheter directement la bande son du film. Compilant la plupart des titres phares de l’époque, celle-ci a au moins le mérite de faire correctement son boulot. On n’en dira pas autant de Winterbottom…