1928. Lundi. Ethel et Ernest, comme chaque jour, croisent pudiquement leurs regards. Ernest est un solide gaillard qui lorgne sur la petite Ethel et qui aimerait bien qu’elle devienne son épouse… Ethel est la dame de compagnie de deux vieilles filles, sœurs acariâtres qui voient d’un mauvais œil l’idylle qui se noue entre leur jeune employée et ce gars qui dévale tous les matins la grand’rue à vélo. Mais Ernest et Ethel s’aiment… et ils décident de se marier, pour le meilleur et pour le pire.
Ainsi débute le nouvel album de Raymond Briggs, à qui on doit le Sacré Père Noël, ce personnage délirant à qui il arrive toutes sortes d’aventures. Ethel et Ernest ne rompt pas avec l’humour british, teinté de causticité et de poésie, auquel Briggs nous a désormais habitués. Cet album est un petit régal. Il est dit qu’il est destiné à tous les publics : disons qu’un enfant y verra ce qu’il veut y voir, mais que l’histoire qui nous est contée procurera davantage de plaisir à un lecteur d’un âge plus avancé. Ethel et Ernest, c’est le roman d’une vie. C’est une somme de choses, une histoire d’amour à la fois ordinaire et magique, le récit de deux personnes très amoureuses l’une de l’autre qui traversent le XXe siècle, découvrent le progrès, la Seconde Guerre mondiale, la guerre froide, le mouvement hippies, et qui assistent, à la fois spectateurs et victimes, aux grandes crises et aux aberrations du monde moderne.
Ethel et Ernest, c’est aussi une dédicace : celle de Raymond Briggs à ses parents. Sans complaisance, avec lucidité et humour, il nous présente Ethel, sa mère, et Ernest, son père, sans oublier Raymond, le petit garçon qui, au grand dam de ses parents, voulait devenir artiste.