Attention cet ouvrage est à proscrire à ceux que la vue d’un clavier ou d’une souris rend malade ! La majorité de cet album compile les planches exécutées par Lewis Trondheim pour SVM Mac. Avec un sens de l’observation plutôt aiguisé, l’auteur croque de façon incisive notre fascination, notre dépendance voire notre aversion pour les nouvelles technologies. Mais s’il y a bien moquerie tout au long de ces 45 pages, la démarche de Trondheim est totalement exempte de mépris. Il n’hésite pas à se dépeindre lui-même comme un dupe du « pantechnologisme », démontrant ainsi que personne n’est à l’abri, que ce soit l’illustrateur découvrant Photoshop ou le quidam moyen incapable de se défaire de ses bien-aimées machines pendant les vacances… Même les deux jeunes critiques de jeux vidéos – dont les aventures ont été pré-publiées dans Astrapi -franchement crétins et immatures sont attachants. N’en doutons pas, ce recueil de gags fera glousser ceux qui ont survécu aux plantages incessants de leur ordinateurs – ceux-ci survenant forcément juste avant une salutaire sauvegarde -ou ceux qui ont commis l’erreur d’abuser des filtres Photoshop… Les cyber-junkies de tous poils et même les plus rétifs à la « computerisation » générale en prennent ici pour leur grade.
Évidemment, on peut se demander si on attend d’un Trondheim qu’il devienne un auteur de « gags en une page » façon Boule et Bill, mais admettons qu’il se sort toujours avec les honneurs d’exercices beaucoup moins stimulants que ses nombreuses tentatives « arty ». Et puis, s’il y a un auteur jeune et inventif qui mérite une large reconnaissance et un succès public de masse c’est bien Lewis Trondheim.