On ne le répétera jamais assez : cette réédition du chef-d’œuvre d’Otomo est une aubaine, une redécouverte permettant une nouvelle appréciation d’une bande dessinée relativement complexe à cerner. En passant de 14 à 6 tomes, les différents chapitres reprennent l’ampleur qu’ils avaient perdu lors du surdécoupage de l’édition précédente -du genre 1 tome = 1 poursuite et basta. L’attente du « réveil » d’Akira, qui paraissait auparavant interminable, est ici récompensée dès ce deuxième tome, riche en rebondissements et qui fonctionne avec efficacité sur la dualité mécanique évasion (du centre médical de l’armée) / intrusion (dans la forteresse souterraine qui abrite la cage réputée impénétrable d’Akira). En effet, Tetsuo, l’adolescent aux supers-pouvoirs révélés par l’Armée, décide d’aller réveiller son alter ego, au risque -ou avec l’espoir- de déclencher une nouvelle apocalypse. À ses talons, toujours le Colonel, personnage autoritaire et ambigu, et bien sûr Kaneda, ex-meilleur ami de Tetsuo et Kei, jeune fille au service d’une Résistance combattant les velléités dictatoriales et quasi eugénistes de l’Armée.

Épisode mouvementé donc, qui privilégie une action débridée, violente et sans ellipses, à l’ambiance si particulière de l’œuvre. Heureusement, l’atmosphère froide et sanitaire chère à Otomo se fait encore sentir, mais plus pour longtemps puisqu’elle laissera rapidement sa place dans les tomes ultérieurs à un background apocalyptique un peu plus convenu. En attendant les derniers épisodes, légèrement plus faiblards, de la série, on pourra toujours se consoler et se délecter de la dernière image, belle et effrayante, de ce tome 2, montrant Tetsuo le bras arraché par un tir satellite, et qui préfigure la monstrueuse catastrophe du prochain chapitre.