Discrétion et efficacité. Telles sont les principales caractéristiques de la série Soda. Et l’on peut en dire autant du héros, David Solomon, flic new-yorkais, mais surtout pas un mot à sa mère, car elle le croit pasteur. Ajoutant au double jeu de leur personnage un mélange détonnant d’action et d’humour, Tome et Gazzotti réussissent une nouvelle fois leur pari de nous tenir en haleine tout au long d’un récit qui évoque autant les films de Walter Hill que les romans d’Ed McBain. Pour reprendre le titre d’un précédent épisode, il y règne une certaine Fureur chez les saints.

Si tous ces titres à connotation biblique (Lève-toi et meurs, Tuez en paix, ou encore Tu ne buteras point) vous paraissent trop ronflants pour être pris au sérieux, n’oubliez pas qu’il s’agit ici d’une BD de genre. Et qui dit genre, dit aussi conventions et contraintes. De même, aujourd’hui, un certain second degré se doit d’adoucir les règles. Est-ce vraiment un bien ? Cela dit, le titre de ce neuvième épisode n’a rien d’inopportun. Nous y découvrons, en effet, les causes et les circonstances de la mort du père de David. Ce dernier va alors pouvoir délivrer du mal le souvenir d’un père qui nous est présenté lors de rares flash-back grisés dégageant une sympathique nostalgie.

Bien évidemment, Gazzotti traite la famille Solomon avec la plus grande justice, pardon justesse. Son trait, d’une souplesse toute cartoonesque, confère une énergie propre à chaque personnage. Les décors d’une grande précision sentent quant à eux les repérages un peu trop appuyés. Et les couleurs, à la fois simples et belles, restituent magnifiquement les ambiances, notamment lors du final sous l’orage (un orage quasi-purificateur qui ne doit pas vous empêcher de céder à la tentation…). Découvrez donc Soda et profitez de la bonne affaire Dupuis, qui vous propose deux albums pour le prix d’un. Et lisez en paix.

Pascal Salamito